De plus en plus de mal-logés en France: "Le gouvernement ne prend pas la mesure du problème"
La pauvreté n'en finit pas de grimper en France. Le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre sur l'état du mal-logement a été publié mardi, avec de nombreux enseignements inquiétants.
Le nombre de personnes sans domicile a ainsi plus que doublé en dix ans. La Fondation Abbé Pierre évalue à 330.000 personnes le nombre de sans-domicile dans le pays. Les personnes sans abri, en hébergement d'urgence ou en centre pour demandeurs d'asile ont été comptabilisées pour atteindre ce chiffre qui augmente de près de 130% depuis 2012.
Il y a également 4,15 millions de personnes "mal-logées" en France. Ce chiffre est obtenu en comptabilisant les personnes en hébergement contraint chez des tiers -y compris leur famille, pour les plus de 25 ans-, ainsi que celles vivant dans un lieu beaucoup trop petit ou privé du confort de base (cuisine, toilettes, chauffage...).
"Ce qui nous alerte, c'est qu'on a l'impression que le gouvernement ne prend pas la mesure du problème", explique sur RMC ce mercredi matin Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation.
"Il n'y a rien dans le programme d'Emmanuel Macron"
Ce qui inquiète d'autant plus la Fondation, c'est que, selon Manuel Domergue, il n'y a pas de réponse politique qui pourrait pallier à ce constat.
"Pendant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron n'a quasiment jamais parlé de logement. Il n'y a rien dans son programme. Le ministre du Logement, Olivier Klein, a une page blanche comme feuille de route", tacle-t-il.
"L'écart a rarement semblé aussi grand entre d'un côté l'état du mal-logement (...) et d'un autre côté, l'insuffisance des réponses publiques pour rendre le logement abordable", écrit la Fondation dans son rapport.
L'inquiétude sur la situation des femmes mal-logées
Des actions insuffisantes et même des actions négatives selon la fondation: reprise forte des expulsions locatives, record d'expulsions de bidonvilles sans solutions derrière, proposition de loi anti-squat... L'énumération de Manuel Domergue n'incite pas à l'optimisme, d'autant que le rapport de la Fondation Abbé Pierre insiste également sur le fait que les femmes sont de plus en plus exposées au mal-logement.
"Elles sont touchées à des moments-clés de leur vie où la trajectoire des hommes et femmes est différente. Notamment en cas de séparation conjugale. C'est très dur pour les femmes, notamment quand elles ont dû s'arrêter de travailler pour élever des enfants. Au moment de la séparation, elles n'ont pas capitalisé là-dessus. Et, souvent, la femme perd tout", note-t-il.
Un autre paramètre est retrouvé également très fréquemment chez les femmes mal-logées: la violence. "C'est un élément-clé dans tout leur parcours de vie, qu'on retrouve souvent dans les personnes à la rue et dans les hébergements d'urgence. A un moment où un autre, très souvent, il y a des violences", confirme Manuel Domergue.