"Des boules de feu qui sautaient": le désespoir et le choc des victimes après l'incendie d'Argelès

Des vies chamboulées du jour au lendemain. Après le violent incendie qui a touché le secteur d'Argelès-sur-Mer et Saint-André, dans les Pyrénées-Orientales, l'heure est au constat des dégâts pour les riverains de la zone.
C'est le cas de Franck Hadjadj, habitant de Saint-André, qui était invité à témoigner de son histoire sur RMC et RMC Story, lui qui a vu sa maison brûler de l'intérieur et aujourd'hui réduite à néant.
"Nous étions à la maison et le feu s'est déclaré quand même assez loin de chez nous", débute-t-il au micro de Sébastien Krebs. Toutefois, "le vent de sud était tellement fort qu'il a fait progresser le feu très très rapidement", ce qui a finalement poussé les pompiers à leur demander de "faire les valises" et de partir le plus rapidement possible de leur domicile.
"On a vu les flammes sur les champs derrière chez nous qui arrivaient. J'ai un hectare de terrain qui était parfaitement entretenu, on avait fait enlever les aiguilles (des pins). Mais il n'y a rien à faire… On a un tuyau d'eau mais on n'est pas soldat du feu, et sur un grand terrain comme ça on est impuissant", raconte Franck Hadjadj, habitant de Saint-André
Dans la précipitation, Franck Hadjadj explique que sa famille et lui ne sont partis qu'avec "deux valises, avec des shorts et des t-shirts, nos ordinateurs", ce qui pourrait s'apparenter à un départ pour "une semaine à la mer". Mais "on n'a plus de fringues d'hiver, plus rien d'autre".
"Apocalypse"
Le père de famille poursuit et explique, la voix encore empreinte du choc provoqué par l'incendie, qu'il a pu se rendre devant sa propriété, du moins ce qu'il en reste, depuis que le feu a été fixé.
"On a fait la déclaration à l'assurance hier (mardi). Il ne reste rien, que les murs et le toit. Tout est calciné, brûlé, fondu, on ne reconnaît même pas nos trucs. Il y a une puissance et une vitesse de feu… Les pompiers nous ont dit qu'il n'y avait rien à faire car c'était trop fort", décrit Franck Hadjadj sur RMC.
Cet habitant de Saint-André décrit une scène d'"apocalypse", avec "des boules de feu qui sautaient d'arbre en arbre". Pour lui, c'est comme si la "maison avait été touchée par une bombe".
"C'est la tristesse. On perd toute une vie dans notre maison. C'est une tristesse incommensurable", relate Franck Hadjadj, habitant de Saint-André dont la maison a été totalement ravagée par l'incendie.
Si les habitats autour de chez lui ont été plutôt épargnées par les flammes, la pépinière de Salomé, elle, était aussi sur le chemin de l'incendie. Sur place, la jeune femme déambule dans les allées de l'exploitation, où des braises font encore apparaître de la fumée ici et là.
"Tout est parti en fumée. C'est catastrophique. Depuis que je suis petite, c'est mon quotidien. C'est mon père qui a créé ça et oui… c'est juste une catastrophe, du gâchis. En une heure de temps, c'est 30 ans de travail, de vie qui sont partis en fumée en l'espace d'un instant", se désole Salomé Gimenez.
La co-gérante de cette pépinière à cactus estime que 95% de l’exploitation a brûlé, ainsi que sa voiture personnelle, ses deux camions mais aussi une vingtaine de containers que Salomé mettait en location aux particuliers.
Mais dès ce mercredi, c'est l'heure du nettoyage. "On se dit que ça aurait pu être pire et qu'on n'a pas le temps de pleurer sur notre sort car ça ne changera pas les choses. On va retrousser les manches, travailler et reconstruire", tente de se rassurer Salomé.
Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, s'était rendu sur place mardi après-midi pour "témoigner de la solidarité du gouvernement à ceux directement" affectés par l'incendie. Mardi, une quarantaine de personnes évacuées attendaient toujours dans un gymnase d'être relogées ou de rentrer chez elles.