Des soirées sans smartphones, un concept "étrange" mais "très positif"

(photo d'illustration). - Philippe LOPEZ / AFP
Laisser son téléphone de côté avant de dormir, désactiver les notifications... Les méthodes sont légion pour réduire l'utilisation de son téléphone portable. Certains proposent désormais des moments et soirées sans smartphone, alors que la dépendance des Français ce dernier n'a jamais été aussi importante.
Le phénomène de nomophobie, autrement dit la peur excessive de se retrouver sans son téléphone, touche plus de la moitié des Français. D’après un sondage IFOP, 65% d’entre eux se disent accros et admettent également qu’ils n’arrivent pas, malgré leur volonté, à réduire leur utilisation.
D'autres chiffres viennent étayer ce phénomène addictif: 87% des personnes l’utilisent dès le matin après le réveil, et ils sont 81% à le regarder le soir avant de s’endormir. Une réelle addiction dont les Français ont vraiment du mal à se détacher, puisque 40% d’entre eux révèlent n'avoir jamais passé une journée sans leur smartphone depuis qu’ils en possèdent un.
Un retour à "quelque chose de plus lent"
Mais "depuis une dizaine d'années", Michaël Stora, fondateur de l'observatoire des Mondes numériques en sciences humaines, invité d'Estelle Midi, remarque "une tendance avec ce qu'on appelle la génération Z, voire la nouvelle Alpha, une sorte de ras le bol que l'on repère sur les réseaux sociaux dans un recours vers des valeurs terre à terre, quelque chose de plus lent."
Dans cette optique-là, l'entreprise Offline Club propose des soirées sans smartphone. Créé "par trois amis à Amsterdam il y a un an", le concept a été importé à Paris, avec la création d'une antenne française.
"On s'est lancés à Paris il y a trois mois, et on organise maintenant un événement par semaine dans un café ou un bar. Ça regroupe en général une trentaine de personnes, qui posent leur portable dans une boîte à téléphones en arrivant, et ensuite prennent pour eux, pour lire, écrire ou autre. Dans un deuxième temps, on leur propose d'échanger avec leurs voisins et de faire de nouvelles rencontres", explique, sur RMC, Grégoire Galichon, en charge d'Offline Club France. Ce dernier assure que les soirées sont "sold out, toutes les places sont vendues".
"L'objectif ça va être de démocratiser encore plus ce type d'événement pour faire des événements beaucoup plus larges avec 300-400 personnes et que ce soit surtout gratuit", espère-t-il.
Pour l'instant, pour participer, il faut débourser "entre 5 et 10 euros". Grégoire Galichon se félicite en tout cas du succès que rencontrent les soirées qu'il organise: "On voit des gens repartir ensemble. On laisse à disposition des cartes sur lesquelles ils peuvent laisser leur nom et leur numéro. Et ils reviennent pour se revoir."
Une sociabilisation "bien réelle"
Bien que le concept "de devoir payer pour parler à des gens sans portable" est "étrange" de prime abord pour le psychologue Michaël Stora, ce dernier "félicite ce type d'initiative".
"Je trouve ça très positif et je reste optimisme dans ce mouvement pour revenir vers une sociabilisation bien réelle où ce sont nos 5 sens qui nous permettent d'être en lien avec l'autre", commente Michaël Stora.
"La socialisation virtuelle est très partielle et les réseaux sociaux nous mettent en scène dans quelque chose qui n'est plus vraiment authentique", ajoute le psycholoque qui juge "important" le fait "d'accepter de se reconnecter à soi"