Drogue, violences, manque d'organisation: quand un stage du SNU vire au cauchemar

Un séjour de cohésion du Service national universel (SNU) qui vire au n'importe quoi. En avril, un séjour de cohésion pour le SNU dans le Pas-de-Calais a tourné à l'émeute. L'un des participants a même été frappé et s'est vu prescrire 5 jours d'ITT.
Timéo, un lycéen de Bondy (Seine-Saint-Denis), s'est retrouvé dans un séjour de cohésion pour le SNU qui manquait d'organisation, avec des employés engagés le jour même pour certains, et des tuteurs trop proches des jeunes, au point de fumer des joints avec eux, relate Le Parisien.
Ce sont ces événements qui ont été à l'origine des dérapages. L'alarme incendie s'est déclenchée un soir à cause de la fumée des joints. Et alors que plusieurs tuteurs ont été mis à pied, des élèves ont accusé Timéo de les avoir dénoncés, ce que ce dernier a réfuté avant d'être entraîné sur un parking et frappé violemment par d'autres participants.
"Ils étaient trois, j’ai reçu une patate sur l’oreille, je ne voyais plus rien, j’ai couru comme je pouvais, pas droit, je crois que je me suis évanoui", raconte le lycéen au quotidien évoquant un début d'"émeute".
Il est ensuite conduit à l'hôpital. Le lendemain, la direction régionale en charge de la jeunesse et des sports reprend à l’association organisatrice la direction du séjour. Timéo rentre chez lui, l’oreille bleue, sa plainte sous le bras.
"Le SNU, c’est un club de vacances"
Un témoignage qui provoque la colère des Grandes Gueules ce mardi: "Le SNU, c’est un club de vacances et en club de vacances, tu fumeras moins de shit qu'au SNU", dénonce l'enseignante Barbara Lefebvre qui tacle le manque d’encadrement nécessaire.
"Il n'y a pas d’adultes capables de travailler la cohésion du groupe autour des valeurs républicaines, de remettre de l’ordre et mettre les gamins dans un cadre, il est là le souci", explique-t-elle sur RMC et RMC Story.
Dans les colonnes du Parisien, l'un des encadrants du séjour assure n'avoir "jamais vu ça": "Il y avait des jeunes qui sifflaient le drapeau, je me demande encore pourquoi ils étaient là", raconte-t-il.
Relancer le service militaire
Sur le plateau des Grandes Gueules, c'est la charge contre le SNU. Barbara Lefebvre rappelle ainsi que le Service national universel "coûte plus de 2.000 euros par tête et qu’on n'est pas loin du 2 milliards d’euros par an. Et on va nous le généraliser, c'est-à-dire qu’on va peut-être être à 3 ou 4 milliards d'euros".
Pour elle, "c’est de l’argent public dilapidé dans du grand n’importe quoi. On n'a pas besoin du SNU et on a besoin de cet argent pour autre chose. Ça coûte trop cher".
Alors la solution qu'elle propose, c'est soit le service civil, soit "on prend enfin la décision politique et courageuse de dire qu’on réduit un certain nombre de dépenses et on met sur le retour du service militaire".
Et là vous allez fabriquer du Français parce qu’il y a bien des intérêts stratégiques où on a besoin de serrer les boulons", précise la professeur.
Une exception
Mais tous les séjours au SNU ne se déroulent pas comme celui de Timéo. Le fils de Léna une auditrice, a fait son service au SNU en juin 2023. Âgé de 17 ans, il est, lui aussi, parti en séjour pendant 15 jours dans un centre d’encadrement militaire. "Les enfants venaient de plusieurs régions différentes et il a passé 15 jours super. Il est revenu ravi", raconte sa mère.
A la différence de la mauvaise expérience de Timéo, le fils de Léna a eu un encadrement civil et militaire. Ce à quoi a répondu Barbara Lefebvre: "Si c’est cadré par l’armée, ça me va. Mais si c’est cadré colonie de vacances ou par des associations qu’on paye au lance pierre, je ne suis pas d’accord". Comme l'explique l'auditrice, "il y avait aussi des encadrants civils mais avec des activités proposées. Très souvent, le matin c’était plutôt basé sur des relations avec l’armée et après des jeux de cohésion".
Le ministère de l'Education nationale confirme que la majorité des séjours se passent très bien, avec un "taux de satisfaction de plus de 96 %" chez les 107.000 volontaires passés sous les drapeaux du SNU. Les affaires, comme celle de Timéo, sont, selon eux, prises au sérieux, mais restent des cas isolés. À Sangatte où ont eu lieu les événements, une enquête administrative est en cours, sur les incidents "inadmissibles" survenus pendant le séjour.