8 degrés en classe: des professeurs exercent leur droit de retrait dans un lycée d'Amiens

À peine 8 degrés dans des salles de classe. C'est la température glaciale relevée à la cité scolaire d'Amiens, dans les Hauts-de-France, alors qu'un grand coup de froid touche la France, avec 34 départements en vigilance jaune.
Les professeurs y ont exercé leur droit de retrait lundi pour protester contre la situation: "La banquise s'invite dans nos salles de classe !", écrivent les enseignants dans un courrier adressé à la direction.
"On n’arrive plus à bouger nos doigts"
Ils se sont rassemblés lundi avec des dizaines d'élèves devant la cité scolaire puis le rectorat. Le réseau de chauffage qui pose problème alimente les lycées Édouard Gand, Édouard Branly et Louis Thuillier avec 4.000 élèves et 600 membres du personnels concernés.
Dans l’établissement, les lycéens multiplient les couches de vêtements. “J’ai encore des gilets en dessous”, confie un étudiant. “On n’arrive plus à bouger nos doigts parce qu’on a super froid. Il y a des sols qui sont parfois mouillés, et les tables aussi. Donc les feuilles se déchirent quand c’est humide”, ajoute une autre.
Les élèves de terminale sont inquiets.
“On a le Bac à la fin de l’année, on est censé pouvoir travailler dans des conditions décentes et là, on se concentre plus sur le fait de se réchauffer. En fait, on s’agite”, indique une jeune femme.
Le vice-président de la région sur place mais toujours pas de solution
Des étudiants qui y voient aussi un signe de mépris. D'autant que le problème date. Le réseau de chauffage est vétuste soulignent les enseignants. Beaucoup exercent leur droit de retrait depuis lundi. “Ce droit de retrait va perdurer” tant que rien de "concret" et "rapide" n'est engagé, soulignent Séverine Brandicourt et Véronique Camus, professeures transies de froid.
“Moi, je suis dans une salle non chauffée à 10 degrés depuis trois semaines et demie avant les vacances. Oui, on râle parce que c’est invivable. La semaine dernière, je suis rentrée chez moi sans voix. Je suis congelé”, dénonce-t-elle.
Ce mardi, les professeurs ont reçu la visite du vice-président de région en charge de l'éducation, Laurent Rigaud. “On a abordé plein de choses: chauffage, humidité, plafonds qui tombent, les fuites, la vétusté... Grosse situation de crise, on est arrivés au bout de pas mal de choses. Je pense qu'il a pris l’ampleur de l’état de la cité scolaire, du manque d’entretien et de maintenance”, dit un des enseignants.
Ils ont été invités à se revoir dans quelque temps, pour “donner quelques réponses concrètes”. Le conseiller régional en charge des lycées a également fait le tour de la cité ce soir. Selon cette même source, Laurent Rigaud n’était pas au courant de la situation: “Ils ne réalisaient pas! Je ne sais pas où l’information n’est pas passée parce qu'on alerte depuis longtemps en conseil d'administration…”
Comment vont-ils s’organiser à présent? Les chauffages électriques ne peuvent être utilisés, pour des questions de sécurité. Avec la vague de froid qui arrive, les professeurs restent sans solution. “Ils ont mis en place la cavalerie, des techniciens sont en train de prendre en charge la maintenance, mais le temps que le réseau se remette en route, que les bâtiments chauffent, qu’est-ce qu’on fait? On n’a pas de solutions, c’est eux qui doivent trouver, c’est leur responsabilité”.