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"Ce n’est pas une vie pour eux": des collégiens de Saint-Malo en situation de handicap sans cours depuis dix jours

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Situation ubuesque dans un collège breton de Saint-Malo où 12 collégiens en situation de handicap n'ont plus cours depuis dix jours, faute de professeur. L'enseignante de cette classe ULIS n'est pas remplacée. Et ça avait déjà été le cas en décembre.

Des collégiens en situation de handicap forcés de passer leur journée à la maison ou en permanence, faute de professeur. C’est la situation au collège Chateaubriand, à Saint-Malo.

La professeur de la classe ULIS est absente depuis dix jours. Résultat, plus personne ne gère cette classe spéciale qui accueille 12 collégiens en situation de handicap et leur dispense les savoirs fondamentaux, sur les deux tiers de leur temps scolaire. En décembre, déjà, cette classe n'avait plus eu d'enseignante pendant trois semaines, pour raison de santé.

Selon la principale du collège, la prof devrait revenir fin avril, mais le rectorat n'a pas encore répondu aux parents. Deux mères d'élèves révoltées sont même allées pousser la porte de la gendarmerie pour faire un signalement au procureur. Elles dénoncent une situation injuste.

“Je suis révoltée, c’est inadmissible”, confie Isabelle. Son fils, Timothy, n'a pas cours de français ni de maths depuis deux semaines. La professeure a été affectée en tant que principale adjointe dans un autre collège.

“On nous enlève le seul professeur qui sait comment gérer les enfants atteints de handicap. Timothy est atteint de troubles du spectre de l’autisme. Il n’a pas de mémoire à court terme. Ce qui fait que s’il n’y a pas de cours, ce n’est pas répété, et tous les acquis qu’il avait jusqu’à maintenant, ça part dans la nature”, explique cette mère.

Le procureur averti de la situation

Sans cours, le seul endroit où peuvent aller ces élèves, c'est la permanence. Alors Isabelle préfère garder son fils à la maison. “Je ne vais pas laisser mon gamin huit heures en permanence. Ce n’est pas possible”, assure Isabelle.

“Ça va être compliqué de reprendre les cours. Sans prof, je n’y arrive pas et en permanence, c’est encore pire. On nous dit de nous asseoir sur une chaise et de nous taire”, reconnaît Timothy. “Ce n’est pas une vie pour eux. Leur vie aujourd’hui, alors qu’ils sont mineurs, c’est d’aller en classe et d'apprendre parce que l'école est obligatoire”, ajoute sa mère.

Isabelle a donc contacté Anne-Sophie, une autre mère d'élève dans la même situation. “On s’est rendu au commissariat pour transmettre au procureur ce qu’il se passe actuellement et essayé de faire bouger les choses au niveau du collège Chateaubriand”, indique-t-elle.

Le rectorat de son côté a indiqué à RMC que les services académiques sont pleinement mobilisés pour trouver un remplaçant.

Martin Cadoret avec Guillaume Descours