RMC

Absences des enseignants: la Cour des comptes épingle le ministère de l'Education nationale

EXPLIQUEZ-NOUS - La Cour des comptes déplore les absences non-remplacées des profs et pointe du doigt le rôle de l'Education nationale.

La Cour des comptes publie ce jeudi un rapport sur les absences des enseignants de l’éducation nationale. Il en ressort que ces absences sont très mal gérées par le ministère de l'Education nationale. Un ministère qui, déjà, a du mal à comptabiliser les absences, les absences non remplacées et les heures perdues par les élèves. Il n’y a pas d’outil robuste pour mesurer le phénomène. C’est le premier regret de la Cour des comptes.

La Cour a malgré tout rassemblé des données qui portent sur l’année scolaire 2018-2019, c’est à dire avant le confinement: cette année-là, les collégiens et les lycéens ont perdu près de 10% de leurs heures de cours. Un chiffre en augmentation de plus de 20% sur un an. Les absences de courtes durées des profs ont représenté 2,5 millions d'heures, dont 500.000 seulement ont fait l’objet d’un remplacement. Et donc deux millions d’heures de cours non remplacées.

La Cour des comptes a chiffré le coût pour la société, c’est son métier. Elle estime ce coût à 4 milliards d’euros…

Les profs particulièrement absentéistes? 

Paradoxalement les enseignants ne sont pas plus absents que la moyenne des fonctionnaires. Ils sont moins absents que les agents de la fonction publique territoriale ou que les hospitaliers. Mais surtout si l’on parle des arrêts de travail pour maladie ordinaire, et bien il y en a moins à l'Education nationale que dans le secteur privé. 

On va oublier les clichés sur les profs flemmards, les cossards, les tires au flanc, les tout le temps malade.

La moitié des enseignants ne sont jamais malades, pas un jour de l'année. Un quart seulement l'est un jour par an. Ceux qui sont absents plus de 5 fois par an ne sont que 2. Et une infime minorité, 0,1%, manque les cours plus de dix fois dans l’année.

Comment expliquer le nombre d'heures perdues ? 

Si ce n’est pas la faute des profs, c’est la faute de la mauvaise gestion du ministère. C'est la principale révélation de la Cour des comptes. Seulement un tiers des absences des enseignants sont dues à des arrêts maladie. Les deux autres tiers s'expliquent par des stages de formation, des organisations de jury pour les concours, les voyages scolaires. Les stages et la formation professionnelle sont la première cause de l'absence des profs. 

Ce qui est mis en cause par la Cour des comptes c’est donc la mauvaise gestion des remplacements. Dans la pratique, les absences de moins de 15 jours sont généralement compensées à l'intérieur des établissements avec des profs volontaires qui font des heures supplémentaires payées, mais visiblement cela ne fonctionne pas.

Que suggère la Cour des comptes ? 

Une solution qui va sans doute faire grincer des dents : que les stages et les réunions pédagogiques ne mordent plus sur les heures de cours. Autrement dit que ces formations aient lieu en plus du service normal. La Cour des comptes remarque qu’un enseignant du second degré à une charge de travail de 972 heures par an, contre 1607 pour les autres fonctionnaires. Il y aurait donc de la marge.

Le rapport propose une annualisation du temps de travail en intégrant des temps de remplacements obligatoires. Ça ne va pas plaire à tout le monde… 

Les parents d'élèves à bout

Les parents d'élèves n'en peuvent plus. Surtout qu’ils disposent maintenant de plateformes en ligne qui leur permette de connaître en temps réel le nombre et la raison des absences. 

Dix-neuf familles de Seine-Saint-Denis, ont fait les comptes grâce au logiciel "Pronote" et découvert que leurs enfants avaient perdu en moyenne 178 heures dans l’année, soit un mois et trois semaines de cours. Et ces familles ont porté plainte contre l'État pour “rupture d’égalité du service public”.

Les parents d’un collégien ont aussi porté plainte dans les Hauts-de-Seine et obtenu 96 euros de dommages pour 96 heures de cours non remplacées. 1 euro de l’heure, c’est symbolique. Ce qui ne l’est pas en revanche, ce sont ces 2 millions d'heures perdues par les élèves sur une année scolaire.

>> A LIRE AUSSI - Dans la coulisse politique, le malaise de ceux qui ont côtoyé Nicolas Hulot perdure

Nicolas Poincaré