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Accueil des jeunes délinquants: "Ça s'est super mal passé" témoigne le salarié d'une entreprise

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Le ministère de la Justice cherche des familles d'accueil pour les jeunes délinquants. Anthony en a déjà accueilli deux dans son entreprise mais tout ne s'est pas passé comme prévu.

Une deuxième chance contre la délinquance. Eric Dupond-Moretti veut éloigner les délinquants en les envoyant dans des familles d'accueil, loin de leur milieu et de leur quartier. Le ministre de la Justice vient de lancer une campagne pour trouver des familles d'accueil à ces jeunes déjà condamnés.

En cas d'infraction, la justice peut décider le placement d'un jeune délinquant en famille d'accueil pour lui permettre de "construire un avenir dans les meilleures conditions possibles" en offrant "un cadre de vie familial stable".

Accueillir des jeunes délinquants, seriez-vous partants ? - 27/03
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Encore faut-il qu'il y ait des familles disponibles. "On a déjà une grosse difficulté à trouver des familles d’accueils pour accueillir des jeunes de l’aide sociale à l’enfance (ASE) qui n’ont pas de difficultés liées à la délinquance", explique ce mercredi aux Grandes Gueules l'éducateur Etienne Liébig. "Dans le Nord, il y a 1.100 jeunes en attente de places", précise-t-il.

"On a l’impression que n’importe qui peut accueillir n’importe quel jeune. Mais il ne faut pas juste une éducation rude ou des règles strictes. Les jeunes délinquants, ce ne sont pas des jeunes livrés à eux-mêmes. Ce sont souvent des jeunes qui ont été éduqués durement", explique Etienne Liébig.

"J’ai un peu peur que le manque de professionnalisme des parents ou des gens pétris de bonnes intentions ne suffisent pas", ajoute l'éducateur sur RMC et RMC Story.

"Pas d'acceptation de la hiérarchie ni d'envie d'apprendre"

Accueillir des délinquants pour donner une seconde chance, c'est ce qu'a fait Anthony deux fois, au sein de son entreprise. Pour des résultats mitigés: "Ça c'est super mal passé, raconte-t-il. "L'un répondait à chaque fois, ne voulait pas écouter les conseils ni être formé et arrivait en retard, l'autre préférait se mettre au chômage", assure celui qui travaille dans la mécanique industrielle, fabriquant des machines de broyages.

"On a énormément de travail, on recherche toujours du monde, on était prêt à former et apprendre à ces jeunes comment ça fonctionne dans une entreprise. Mais il n'y avait pas d'acceptation de la hiérarchie, ni d'envie d'apprendre", déplore Anthony.

Pourtant, ces deux jeunes étaient volontaires et s'étaient rendus à un premier entretien d'embauche. Le tout pour 2.000 euros net par mois avec des perspectives d'évolution. "Ce n'est pas si simple", prévient Anthony.

Les candidats qui souhaitent devenir famille d'accueil peuvent s'inscrire sur ce site du ministère de la Justice. Il faut également respecter quelques conditions: avoir un casier judiciaire vierge et disposer à son domicile d'une pièce en plus pour que le jeune bénéficie d'un "espace privé".

G.D.