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"Propos délétères", "défaitisme": Eric Dupond-Moretti recadre deux magistrats marseillais

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Invité de RMC-BFMTV ce mercredi, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a répondu aux propos de deux magistrats marseillais sur la lutte contre le trafic de drogue.

Devant la bataille judiciaire qui oppose les autorités aux trafiquants de drogue, des magistrats de Marseille s'inquiètent. "Je crains que nous soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille", a estimé le 5 mars dernier Isabelle Couderc, la juge d’instruction du pôle criminalité de Marseille, lors d'une audition devant les parlementaires de la commission d'enquête sur le narcotrafic.

"Cette expression n'est pas opportune et je lui ai dit hier", a réagi ce mercredi sur RMC et BFMTV le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, qui a rencontré les magistrats marseillais mardi. "Je crois qu'elle regrette ses propos", a poursuivi le garde des Sceaux, qui n'a pas apprécié la sortie de la magistrate. "Je n'aime pas les discours de défaitisme. Quand on dit qu'on peut perdre une guerre, on la perd", a-t-il ajouté.

De son côté, le procureur de Marseille Nicolas Bessonne s'inquiète de la corruption qui pourrait toucher certains acteurs de la machine policière, judiciaire et pénitentiaire à Marseille. "Certains sont approchés, menacés voire achetés", assure le magistrat.

Face à Face : Éric Dupond-Moretti - 20/03
Face à Face : Éric Dupond-Moretti - 20/03
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"Laisser supposer que tout serait gangrené par la corruption, ce n'est pas juste"

Une sortie qu'a également peu goûtée le ministre de la Justice. "S'il y a des faits avérés, ça peut arriver et c'est déjà arrivé, le parquet doit se saisir. Mais ce propos, c'est un propos délétère, il a eu tort. Et d'ailleurs, le procureur général n'a pas soutenu ce propos", a taclé le garde des Sceaux.

"À ma connaissance, il n’y a pas d’affaires de ce genre", a-t-il poursuivi. "S'il y en a, il faut les combattre mais laisser supposer que tout serait gangrené par la corruption, ce n’est pas juste et c’est offensant à l’égard des policiers, gendarmes, douaniers, magistrats et greffiers qui bossent au jour le jour pour éradiquer le trafic de stupéfiants", a assuré Eric Dupond-Moretti.

Devant la commission d'enquête parlementaire consacrée au narcotrafic, Nicolas Bessone, le procureur de la République de Marseille, avait évoqué "deux enquêtes en cours à Marseille sur des fonctionnaires de greffe suspectés de renseigner des membres du crime organisé".

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC