"C'est de la discrimination": 13.800 élèves sans place au collège ou au lycée

Paola a contacté RMC pour partager sa colère. Son fils Rafael aura 18 ans ce samedi, mais il n’a pas la tête à faire la fête. Il a loupé son bac général l’année dernière, et pour ne rien arranger, il n’a pas de place au lycée dans lequel il a fait toute sa scolarité.
Fin juillet, quand sa mère Paola s’y rend pour le réinscrire, elle apprend qu’il n’est pas prioritaire et qu’elle doit chercher ailleurs. Les cours ont repris il y a près de trois semaines, Rafael est à la maison et Paola est désespérée.
“Je suis désespérée, en colère… Rafael, ça fait trois ans qu’il est dans le même lycée, donc je ne comprends pas comment on peut ne pas reprendre un élève”, explique-t-elle au micro de RMC.
Elle poursuit: “En plus, c’est son premier redoublement. C’est de la discrimination. Il est déprimé, il est tout seul à la maison puisque je travaille… Il a demandé à un de ses copains de lui donner ses cours. Mais ça ne va pas durer toute l’année non plus, ce n’est pas possible”.
Des "explications" inaudibles pour les parents
Paola a appelé tous les lycées de Cannes, où elle vit. Sans succès. Seule solution proposée par l’académie: changer de filière ou suivre des cours par correspondance. Aujourd’hui, un lycéen ne semble plus avoir le droit à une deuxième chance, parce qu’il n’y a déjà pas suffisamment de places pour ceux qui doivent entrer au collège ou au lycée.
À ce jour, plus de 13.800 élèves n’ont toujours pas d’affectation, principalement dans la filière professionnelle. Cette voie, revalorisée depuis une réforme l’an dernier, attire de plus en plus de candidats. Et c’est tant mieux, sauf si les moyens ne suivent pas. C’est ce que dénoncent les syndicats d’enseignants, les associations de parents d’élèves, mais aussi la Défenseure des droits. Claire Hédon s’est saisie du sujet il y a deux ans déjà. Elle pointe du doigt une rupture d’égalité intolérable.
Mais alors, comment le ministère de l’Éducation nationale justifie cette situation hallucinante? Les déménagements et les redoublements compliqueraient tout. Une explication évidemment inaudible pour les parents et les élèves qui attendent.
L’année dernière, la Défenseure des droits a pourtant fait des recommandations: anticiper les affectations pour que tout soit bouclé avant la fin de l’été, organiser des permanences dans les rectorats pendant les vacances. Des coups d’épée dans l’eau puisque le gouvernement n’a rien mis en place.
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