"C'est un débat comique": faut-il réformer l'orthographe pour la rendre plus simple?

Faut-il réformer l'orthographe pour la rendre plus simple et plus logique? C'est ce que réclame le collectif "Les linguistes atterrés" dans une tribune publiée dans le journal Le Monde. Parmi eux, Annie Ernaux, prix Nobel de littérature qui demande une réforme en profondeur de l’orthographe. Selon ce collectif, la langue française s'écrit encore comme en 1878, date de la dernière réforme obligatoire de l'orthographe de l'Académie française.
Depuis, il y a bien eu de nouvelles règles plus modernes mais personne ne les applique. Les nouveaux textes sont en effet tous facultatifs. Avec au final peu de changements. Ainsi en 1990, la dernière réforme a modifié le pluriel de certains noms composés, supprimé l’accent circonflexe sur le i et le u quand il ne joue aucun rôle, simplifié certaines doubles consonnes et éliminé quelques incohérences comme sur le mot oignon qui peut désormais s’écrire tel qu’il se prononce : "O G N O N".
Vers la fin de l'accord du participe passé avec l'auxiliaire avoir?
Cependant ces changements sont méconnus du public et selon les signataires de la tribune des "Linguistes atterrés", "on ne leur a jamais donné leur chance". Ils veulent donc y revenir et même aller plus loin.
Le premier pas serait d’acter la réforme de l’accord du participe passé, et d’accepter de le laisser invariable lorsqu’il est conjugué avec "avoir". Ainsi dans la phrase, "Les fleurs qu'ils ont cueillies étaient ravissantes", le participe passé "cueillir" ne s'accorderait plus.
Le pas suivant serait de régulariser les pluriels en "-s", en renonçant au "-x" final. Les mots hiboux, poux, genoux, prendraient ainsi un s à la fin.
De quoi donner accès à une bonne orthographe à un maximum de personnes? Pas forcément, juge, dans Estelle Midi ce lundi sur RMC et RMC Story, Bernard Fripiat coach en orthographe. "C'est un débat comique. On entend parler de ça depuis pratiquement un siècle mais les gens n'en veulent pas. Promenez-vous sur les marchés vous verrez écrit "Oignon", pourtant pas sûr que le maraîcher soit un grand défenseur de l'orthographe", note-t-il.
"À quoi cela sert de simplifier quelque chose alors que tout le monde a la bonne réponse? Ça frise le sadisme. Et puis l'ordinateur voit tout", ajoute Bernard Fripiat.
Selon une étude du ministère de l'Education nationale de décembre 2021, le nombre de fautes d'orthographe et de grammaire chez les élèves de CM2 a été multiplié par 2 en 35 ans. Sur un texte d’une dizaine de lignes comprenant 67 mots et 16 signes de ponctuation, les élèves français font 19,4 erreurs contre 10,7 en 1987.