"C'est une drogue impossible à gérer pour un ado": faut-il bannir les smartphones des lycées?

Depuis la rentrée de septembre 2018, les élèves n’ont plus le droit d’utiliser leur téléphone dans les collèges, ni en classe, ni dans la cour sous peine de confiscation. Mais dans les faits, c’est assez peu respecté. Car le chantier est immense. Selon le baromètre numérique de l’Arcep, l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse, le gendarme du numérique français, 92% des 12-17 ans possèdent un téléphone.
Cela concernerait surtout les lycéens où les téléphones sont source de tension. Les syndicats de proviseurs dénombrent plusieurs incidents par semaine. Dans les lycées, l'utilisation du téléphone appartient au bon vouloir du règlement intérieur propre à chaque établissement. Mais Brigitte Macron aimerait une loi d'interdiction, sur le même principe que celle en vigueur dans les collèges.
Dans les collèges, en plus de la loi, il est nécessaire d'interdire clairement le smartphone dans le règlement intérieur. C'est ce qui a changé cette année dans le collège de Carlos, assistant d'éducation dans un établissement de la Marne: "On l'a clairement interdit cette année et on a moins de problèmes d'harcèlement, ils ne le sortent plus lorsqu'il y a une bagarre et surtout les élèves jouent ensemble", raconte-t-il sur RMC et RMC Story.
Séverine, prof dans un lycée où les classes comptent 36 élèves, les oblige à déposer leurs smartphones dans des enveloppes nominatives avant chaque cours: "Cela prend du temps mais je suis obligée, sinon c'est ingérable".
"On a du mal à se réguler en tant qu'adulte, pour un ado, c'est impossible"
Car le téléphone "est un vrai problème", déplore Anne-Lise Ducanda, médecin de la protection maternelle et infantile qui rencontre chaque jour des enfants de 0 à 18 ans confrontés aux écrans. "Les parents qui achètent un smartphone relié à internet à leur enfant à son entrée en sixième, ne se rendent pas compte des dangers auxquels ils exposent leur enfant"
"Les écrans mais les téléphones en particulier, c'est comme une drogue et une addiction. On a déjà à du mal à se réguler en tant qu'adulte alors que notre cerveau est mature, alors pour un ado, c'est impossible", alerte la praticienne.
Anne-Lise Ducanda alerte également sur les contenus auxquels donnent accès des smartphones: "La première exposition au porno, c'est à l'âge de 9 ans. Le reste, c'est du contenu pour le 'buzz' et ce qui génère du 'buzz', c'est la peur et le sexe", ajoute la praticienne qui évoque des lycéens qui ne se parlent parfois plus.
Pour tenter d'endiguer le phénomène, elle appelle les parents à mettre un contrôle parental sur tous les écrans de la famille. Anne-Lise Ducanda conseille également de privilégier "les dumphones ou featurephones", des téléphones qui permettent uniquement les appels et les envois de SMS.