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"Compenser les obstacles de la société": l'Éducation nationale veut plus de filles dans les filières scientifiques

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La ministre de l'Éducation nationale Élisabeth Borne a annoncé un plan afin d'augmenter la place des filles dans les filières scientifiques, au collège comme au lycée. Le but étant de "compenser tous les obstacles - sociologiques ou idéologiques - que la société a mis en place face aux femmes", affirme sur RMC la députée EPR Céline Calvez.

La ministre de l'Éducation nationale Élisabeth Borne a fixé mardi un objectif de 50% de filles dans la spécialité mathématiques en terminale en 2030, contre 42% actuellement, dans le cadre d'un plan visant à féminiser les filières scientifiques. Le gouvernement va "demander aux chefs d'établissement et aux professeurs d'encourager les filles à choisir et conserver" la spécialité maths en terminale, a-t-elle expliqué dans un entretien aux Echos. Le plan prévoit aussi l'expérimentation de classes scientifiques à horaires aménagés en 4e et 3e, avec un objectif de 50% de filles dans chacune.

5.000 filles supplémentaires dès la rentrée prochaine

"Au niveau pédagogique, il n'y avait aucune femme dans les matières scientifiques. Par contre au niveau de la classe, il y avait un gros tiers de filles, il me semble. Statistiquement, ce n'est pas courant", se souvient Agathe auprès de RMC, à propos de ses cours en prépa scientifique, il y a une dizaine d'années.

La ministre reprend par ailleurs à son compte "l'objectif" d'un rapport des inspections générales qui préconise au moins 20% de filles dans chaque classe préparatoire scientifique en 2026 et 30% en 2030. Une "première marche" de 5.000 filles supplémentaires est prévue dès la prochaine rentrée, a précisé la ministre.

Lycée : des quotas de filles en filières scientifiques ? - 07/05
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L'instauration de quotas, terme que la ministre n'utilise pas, est une recommandation de longue date du Haut conseil à l'égalité. Dans son rapport de 2023 portant sur l'invisibilisation des femmes dans le numérique, le HCE avait préconisé d'imposer des quotas de 50% de filles dans les spécialités scientifiques (mathématiques, physique) et 30% minimum en NSI (numérique et sciences informatiques) au lycée.

L'objectif est de "renforcer la place des femmes dans les filières d'ingénieur et du numérique. Il faut que les filles choisissent davantage la spécialité maths en première, qu'elles la conservent en terminale et qu'elles prennent en plus l'option maths expertes (choisie par seulement 33% de filles, NDLR)".

"Obstacles sociologiques ou idéologiques"

"J'insiste sur le fait que ces quotas permettent de compenser tous les obstacles - sociologiques ou idéologiques - que la société a mis en place face aux femmes. Ce n'est pas quelque chose qui viendrait les déligitimer, c'est à elle de faire leurs preuves mais au moins, on leur donne la possibilité de le faire", soutient auprès de RMC Céline Calvez, députée Ensemble pour la République des Hauts-de-Seine qui porte cette mesure depuis longtemps.

Le premier "pilier" du plan "Filles et maths" présenté par la ministre est "de sensibiliser et de former tous les professeurs dès la rentrée 2025 - du primaire au lycée". Ce plan à destination des 370.000 professeurs des écoles, 24.000 profs de maths de collège et 12.000 de lycée, devra permettre par exemple que les filles soient plus souvent interrogées en classe, même si elles ne lèvent pas la main.

Cassandre Braud avec LM et AFP