Couvre-feu pour les mineurs: est-ce la solution pour lutter contre la délinquance juvénile?

Couvre-feu (illustration) - AFP
À Hesdin, dans le Pas-de-Calais, un arrêté municipal a été pris le 30 juillet pour interdire aux mineurs de moins de 15 ans de se retrouver seul dans les rues entre 22 heures et 6 heures du matin. En cause: de nombreuses dégradations de bien public dont les auteurs ont vraisemblablement entre 10 et 13 ans.
Les riverains sont globalement étonnés d'assister à une telle délinquance juvénile et saluent une décision certes répressive, qui agit aussi comme une forme de prévention. Dans la commune de Montceau-les-Mines, le même arrêté a été mis en place le 1er août en raison des multiples rodéos urbains qui s'y déroulent. Mais son application est rendue difficile, faute de moyens, ainsi que de réaction des parents.
"Quand vous n'avez qu'une patrouille, il n'y a personne qui peut faire autorité. Et, surtout, comment vous justifiez d'arrêter des mineurs pour les ramener chez eux? Le problème, c'est qu'ils ressortent", explique Guillaume, un habitant de la commune.
Il raconte en outre avoir déjà été confronté à des mineurs en sortie, le soir, accompagnés de leurs parents, qui hurlent "jusqu'à 23 heures". Les parents "sont à côté, discutent entre eux, et laissent faire", ajoute-t-il.
Un manque de moyens pour les communes
À Hesdin, une poignée d'adolescents perturbent le quotidien des habitants. Le maire considère donc une telle mesure comme évidente.
"Quand on prend ce genre d'arrêté, ce n'est pas anodin (...) mais il n'y a rien d'exceptionnel: un gamin de moins de 15 ans n'a rien à faire après 22 heures dans les rues", affirme l'édile.
Au-delà de ces restrictions de circulation, l'élu se dit conscient que d'autres mesures doivent être prises.
"Il y a le côté répressif, mais derrière, il y a notre travail à nous, élus locaux, à mettre en place pour aller chercher ces gamins un par un et leur trouver des solutions, comme les intégrer dans le milieu associatif, sportif et culturel", ajoute-t-il.
Le maire ne dispose toutefois pas de moyens suffisants. Il évoque cependant l'utilité de faire intervenir "un éducateur qui va discuter avec les gamins" et l'utilité du centre socio-culturel installé dans la commune. Ce qui se déroule sur son territoire n'est pas un cas isolé: l'élu affirme que les maires des autres communes voisines sont confrontés au même type de délinquance.
En France, plusieurs communes ont sauté le pas du couvre-feu depuis plusieurs mois, telles que Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône), Béziers (Hérault), Cagnes-sur-Mer -(Alpes-Maritimes) et Nice (Alpes-Maritimes). Dans la ville de Christian Estrosi, les moins de 13 ans ne peuvent plus circuler dans la rue après 23 heures. Selon les endroits, les moins de 16 ans sont également concernés.