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Des profs en grève de la faim dans le Rhône: "Tentatives d'intimidation, insultes: notre lot quotidien"

Deux professeurs d'un collège de Givors demandent à être placés en REP+ pour faire face à des élèves de plus en plus violents. L'un d'eux, Pierre, témoigne sur RMC.

"Un peu fatigués, mais on tient bien le coup". Des professeurs sont en grève de la faim à Givors, près de Lyon dans le Rhône. Pierre et Leïla, professeurs du collège Lucie Aubrac, une action qui dure depuis 10 jours maintenant, choqués par l'agression de trois de leurs collègues en moins d'une semaine. Ils occupent une salle de leur établissement pour obtenir plus de moyens pour ce collège situé en REP.

Les trois derniers faits qui ont conduit à ce ras-le-bol sont choquants. Irrité par une remarque de son professeur d'espagnol pour l'oubli d'un livret, un élève âgé de 13 ans s'est emporté, l'insultant puis lui lançant une paire de ciseaux qui se sont plantés dans le tableau puis menaçant le professeur d'en découdre. Puis une jeune enseignante a été draguée et insultée par des élèves de 3e : "Tu viens chérie avec moi dans la voiture", lui ont-ils dit. Puis un enseignant a été pris en chasse par une voiture alors qu’il repartait en vélo du collège. Il a dû se jeter sur le trottoir pour éviter de se faire écraser. Une plainte a été déposée.

"Les micro-violences, les tentatives d'intimidation et les insultes sont notre lot quotidien"

Invité de RMC ce mercredi matin, Pierre témoigne d'un quotidien usant. "Des faits aussi graves, c'est exceptionnel, mais les micro-violences, les tentatives d'intimidation et les insultes sont notre lot quotidien. On a des jeunes qui ont des difficultés avec l'autorité, mal dans leur peau et dans leur vie. Ils auraient besoin d'un accompagnement qu'on n'arrive plus à donner car on n'a pas les moyens."

Cette grève de la faim a un but: "On demande justice, ça fait 6 ans qu'on demande à être placés en REP+ (réseau d'éducation prioritaire renforcé). On a tous les critères mais ça a été refusé en 2015 car dans le Rhône il y en a déjà 21. Ca permettrait d'avoir un accompagnement meilleur."

Pour autant il ne veut pas baisser les bras. "Ma motivation est intacte, celle de mes collègues aussi, mais si on obtient pas ce qu'on demande j'ai peur du contrecoup."

En attendant de nombreuses familles soutiennent les enseignants, comme Laurence Rahmani maman d'un élève de 5e: "Si on n'arrive pas à les entendre ce sont des professeurs qui vont baisser les bras, qui vont demander des mutations, et du coup on va perdre des gens importants."

J.A. avec Lucie Nolorgues