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"Des propos haineux ont circulé contre moi": un professeur placé sous protection policière après une lettre de soutien à Samuel Paty

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TEMOIGNAGE RMC - Il avait publié dans l'Obs une lettre deux semaines après l'attentat contre le professeur d'histoire de Conflans-Sainte-Honorine dans laquelle il appelait les enseignant à protéger leurs élèves de la pression islamiste. Didier Lemaire était l'invité de RMC.

Depuis plusieurs semaines, Didier Lemaire vit sous protection policière. Ce professeur de philosophie dans un collège de Trappes, dans les Yvelines, a été menacé de mort après une prise de position deux semaines après l’attentat contre Samuel Paty, professeur d’histoire de Conflans-Sainte-Honorine, qui a été égorgé.

Il a en effet, publié une lettre dans le journal l’Obs dans laquelle il appelait les enseignants à protéger les élèves “de la pression islamiste”.

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Sur RMC, il raconte ce qu’il a subi suite à la parution de ce texte. 

“Certains élèves m’ont demandé pourquoi j’avais écrit une lettre contre eux. Cette position du 'nous' et du 'vous' positionne les élèves comme des êtres qui n’appartiennent pas à la communauté nationale. Ils ne se sentent pas Français. 
Dans la ville de Trappes, des propos haineux ont circulé contre moi, me traitant de raciste et d’islamophobe et on retrouve ce positionnement victimaire qui précède le passage à l’acte, et qui me désigne comme une cible”, indique-t-il.

C’est après cela, qu’il s’est vu placé sous protection policière. “Je ne vis pas dans la peur. Je me sens soutenu par mon chef d’établissement et quelques collègues. Je pense que pour enseigner dans cet établissement, il faut d’une certaine manière ne pas vivre dans la réalité, être dans le déni parce que sinon, tous les collègues se mettraient à parler et à dire ce qui se passe vraiment autour de nous”, estime-t-il.

Peu de prise de position

Il explique au micro de RMC que cette pression communautaire, il la voit dans son lycée, mais aussi dans toute la ville de Trappes. Elle se manifeste notamment sur les droits des femmes. 

“Cette pression sur les élèves se manifeste par exemple par le port du voile qui désigne les femmes comme des êtres inférieurs. J’ai des témoignages comme quoi, les jeunes filles sont sans cesse moquées par les garçons, elles ont du mal à exister", explique-t-il.

Il assure que, si peu d’enseignants prennent position et s’expriment publiquement, c’est avant tout parce qu’ils craignent des représailles. “Je crois que les enseignants vivent dans la peur. Selon un sondage Ipsos, un enseignant sur deux s’auto-censure”, appuie le professeur.

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Guillaume Descours