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Éducation

Education sexuelle: pourquoi la France est encore à la traîne

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Un rapport du CESE démontre que l’Etat ne remplit pas sa mission en matière d’éducation sexuelle, alors que c’est un enjeu très important pour la jeunesse.

Est-il si difficile de parler de sexe aux ados? Un rapport dénonce la défaillance de l’Etat dans sa mission d’éducation à la sexualité. Pour le Conseil économique, social et environnemental (CESE), l’Etat ne remplit pas sa mission. Il y a déjà une obligation légale depuis 2001, mais seuls 15% des élèves bénéficient des trois séances annuelles prévues. Le travail est insuffisant d’un côté, et il y a trop peu de campagnes d’information de l’autre. Et bien sûr, toujours la difficulté que l’on devine d’en parler à la maison…

Ce qui est aussi en cause dans le rapport du CESE, c’est une forme de frilosité politique en la matière, par peur des controverses. C’est donc un droit des ados qui n’est pas respecté par l’Etat. Et c’est un risque pris. Un risque sanitaire. Il y a moins de deux semaines, l’OMS alertait sur le fait qu’un tiers des adolescents déclare n’avoir utilisé ni préservatif, ni pilule contraceptive au cours du dernier rapport sexuel. C’est en baisse sensible.

Ce qui ressort du rapport du CESE, c’est que le travail est bâclé. Et précisément, le directeur régional de l’OMS dit que l’éducation sexuelle reste "négligée" dans de nombreux pays. Il appelle à la mobilisation et dénonce "un discours réactionnaire" en hausse.

Pour la psychologue Isabelle Filliozat, qui écrit sur la psychologie des enfants et ados, on se trompe de prisme. On parle de risques (MST, grossesse non désirée…), mais pas assez de connaissance de soi et de plaisir. La dimension affective, le consentement… Oubliés quand il faut répondre à la dimension "domination" du porno. Dédaignés pour s’en tenir à l’aspect "reproduction" à l’école.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Expliquez-nous par Matthieu Belliard : L'éducation sexuelle négligée à l'école - 12/09
2:50

Un projet gouvernemental en suspens

Ce n’est pas forcément nouveau comme problème. Ces lacunes reviennent régulièrement dans le débat. En 2021 déjà, l’Inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche pointait un manque de personnel formé. En 2019, pour le "Fil Santé Jeunes", un portail d’information, 17% des appels concernaient la sexualité des 12-22 ans.

C’est clairement un enjeu, il y a clairement une demande des plus jeunes et il y a des choses à mettre en place, facilement. Pour le CESE, il faut diffuser largement l’éducation à la sexualité dans les milieux fréquentés par des jeunes, y afficher les droits des enfants et les interdits à leur égard. Mais attention, si l’école a un rôle, la famille aussi, pour développer l’esprit critique, faire comprendre et respecter la loi. Et puis, il faut renforcer les programmes. On progresse sur l’enseignement de l’anatomie, par exemple. Mieux apprendre à se connaître et à connaître l’autre. Quand on en recherche une représentation complète, le clitoris n’apparaît qu’à partir de 2017 dans les manuels de SVT de seconde.

Un projet de nouveau programme scolaire a été publié en mars, pour une mise en place dès cette rentrée. Mais c’est l’un de ces dossiers en suspens, dans l’attente d’un gouvernement…

Matthieu Belliard