Est-ce la fin de l'éducation bienveillante? "Elle a été dévoyée par des gourous" estime une psychologue

Après l'éducation Montessori, place à l'éducation "Ghettossori": sur Tiktok, des parents se vantent de moquer ou punir parfois pour rien leurs enfants, également laissés devant les écrans et emmenés au fast-food. Et à l'école, ces enfants sont parfois poussés par leurs parents à répondre aux enseignants et se battre.
Une rupture totale avec l'éducation bienveillante. Si 58% des parents définissent leur relation avec leur enfant comme complice selon une étude Ipsos, dans les faits le dialogue n’est pas toujours la seule solution mise en place. Selon le dernier baromètre de la Fondation pour l’enfance publié en 2024, 81% des parents reconnaissent ainsi avoir eu recours en 2023 à au moins ce qui est considéré par la loi comme une forme de violence. Un chiffre en augmentation par rapport à 2022 où il s'élevait à 79%.
Mais pour Caroline Goldman, psychologue pour enfants et adolescents, cette rupture avec l'éducation bienveillante est plutôt une bonne nouvelle: "Cette éducation bienveillante est merveilleuse mais elle a été dévoyée par des vendeurs qui en ont fait un délire avec des excès pour nos enfants", assure-t-elle sur le plateau d'Estelle Midi.
Punitions non-violentes
Ces excès, "c'est le déni que l'enfant a de l'agressivité en lui et qu'il va avoir besoin de rencontrer des butées éducatives et le fait de dénier que le parent doit offrir ces butées éducatives en cas d'agressivité". Selon elle, des "gourous" ont laissé penser aux parents que les enfants "sont calmes et que l'amour et la bienveillance suffisent à éduquer".
"Or, à un moment donné, l'enfant va essayer d'arracher les cheveux, crier, jeter son yaourt par terre. C'est normal mais ça fait partie de nos fonctions de dire qu'il y a des limites pour sa sécurité et celle des autres", poursuit Caroline Goldman sur RMC et RMC Story.
Elle milite pour les punitions non-violentes, les mises à l'écart ou les suppressions d'argent de poche pour les adolescents.
Près de la moitié des parents ne reconnaît pas comme une forme de violence le fait de crier, donner une tape sur la main, mettre au coin ou priver de quelque chose. Et près d'un quart des parents assurent avoir eu recours aux fessées, bousculades, gifle ou aux enfermements dans le noir.
Pour Fred Hermel, voir l'éducation positive tomber en désuétude est une bonne nouvelle. Pour une raison particulière: "Ça crée des générations de fragiles avec des gamins qui ne sont plus capables de gérer le plus important : la frustration. Quand on est laxistes, on ne le prépare pas au monde réel", estime-t-il.
Toutes les franges de la population concernées
Selon le baromètre de la Fondation pour l’enfance, le sentiment qu’il est facile d’éduquer un enfant sans des punitions considérées comme violentes diminue, surtout pour les actions les plus violentes: 71% des parents interrogés estiment qu'il est facile de ne pas gifler ou bousculer son enfant, contre 75% en 2022.
Le baromètre précise que ces comportements existent "dans toutes les franges de la population", "même si les hommes et les parents ayant trois enfants ou plus de moins de 10 ans semblent y avoir davantage recours".