Faut-il interdire l’instruction à domicile? Le témoignage d’une maman instructrice sur RMC
Les députés ont voté ce vendredi matin l'article 21 du projet de loi "séparatisme", qui entend faire de l'instruction en famille une exception. Dans le viseur: le séparatisme scolaire des islamistes radicaux et les dérives sectaires.
Débat politique électrique donc depuis ce jeudi sur le sort de quelques 62.000 enfants, instruits à domicile. Sur les quelques 400 amendements à ce projet de loi, une soixantaine demandaient la suppression de cet article 21.
"Sur quels critères définir si quelqu’un est capable d’éduquer son enfant dans la famille?"
Sur le sujet à l'Assemblée, les débats ont été très houleux toute la journée de jeudi car beaucoup ont avancé la peur de voir de nombreuses familles subir injustement les conséquences de cet encadrement plus stricte: "Vous savez qui a interdit l’instruction en famille? C’est le régime nazi", lance un député.
Toujours possible, l'instruction en famille sera soumise à une autorisation des académies. De quoi laisser songeur le communiste André Chassaigne: "On va aller vers des familles qui vont être remontées et qui n’ont pas besoin de ça".
Le député UDI, Jean-Christophe Lagarde s’interroge: "Sur le nom de la famille, sur son niveau d’éducation, sur le lieu où elle vit? Sur quels critères allez-vous donc pouvoir demander à votre administration de définir si quelqu’un est capable d’éduquer son enfant dans la famille?".
"On travaille généralement en fin de matinée mais pas forcément"
Et c’est Laëtitia Roux qui s’est fait porte-voix ce vendredi matin sur l’antenne de RMC. Invitée de la matinale, cette mère de trois enfants a défendu son choix de faire l’école à la maison.
"C’est arrivé tout à fait par hasard, mon ainée a été scolarisée en petite-section mais son institutrice n’était pas là, car en congé longue durée et très peu remplacée. Je me questionnais aussi sur le rythme de notre fille qui avait beaucoup de mal à s’adapter. L’instruction à domicile est devenue comme une évidence à ce moment-là".
Une instruction à domicile dont le rythme est calqué sur celui de l’enfant: "Jamais de réveil, mes filles se réveillent à 8h30 ou 9 heures toutes seules, je ne force pas. On travaille généralement en fin de matinée mais pas forcément. On écoute beaucoup leurs envies", explique Laëtitia Roux.
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Dérogations accordées, selon l'état de santé de l'enfant, sa pratique sportive ou l'itinérance de sa famille... pour Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale: seuls les islamistes radicaux sont dans le viseur: "Le sujet c’est ces petites filles que l’on envoie dans des hangars pour être endoctrinées dès l’âge de 3 ans. Est-ce que c’est cela que nous voulons? Non".
Pour calmer les ardeurs de l'opposition, le ministre a déposé un amendement qui prévoit que les familles déjà en instruction à domicile n'aient pas à faire de demande d'autorisation, avant la rentrée 2024.