"J’ai l’impression d’être au tribunal contre l’Islam": échanges tendus à l’Assemblée autour du projet de loi séparatisme

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Débats houleux, jusqu'à minuit, mercredi soir dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Les députés examinent en ce moment les 51 articles du projet de loi "confortant le respect des principes Républicains", plus souvent appelé "projet de loi contre les séparatismes", qui prévoient une batterie de mesures pour mieux lutter contre l'islamisme radical.
Electricité dans l'air
Comme il y a deux semaines lors de l'examen du texte en commission, la question du voile s'est invitée dans les débats. S’il n'est plus question d'amendement pour interdire le voile pour les petites filles mineures, évoqué un temps par Aurore Bergé, la députée de La République En Marche, les Républicains ont malgré tout remis la question du voile sur la table, avec de l'électricité dans l'air.
Derrière Éric Ciotti, les députés Les Républicains veulent interdire le port du voile à l'université, mais aussi pour les mères qui accompagnent les sorties scolaires. "Ce voile incarne le fait que la femme n’est représentée uniquement comme un objet de tentation qu’il conviendrait de dissimuler", a lancé le député des Alpes-Maritimes. Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement National, a elle dénoncé la "reculade politique" face à "l'hydre islamiste".
"Pourquoi vous parlez du voile?"
Près de 6 heures de débat, jusqu'à l'écœurement. "Ma maman porte le voile. Quand j’entends ce que vous dîtes, ça me fait mal au cœur. Vous insultez toute cette catégorie de la population qui se sent offensée", a répondu le député "Agir Ensemble" M'Jid El Guerrab.
Colère palpable sur tous les bancs. "Pourquoi vous parlez du voile?", interroge la communiste Marie-George Buffet. "Vous êtes en train de développer dans le pays un climat de guerre civile", continue l'insoumis Éric Coquerel. "J’ai l’impression d’être depuis tout à l’heure devant un tribunal : le tribunal contre l’islam", a aussi déclaré par la marcheuse Souad Zitouni.
Aux yeux du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, le voile n'a pas sa place dans ce texte: "Je ne dis pas que le voile n’est pas un moyen de prosélytisme ou d’asservissement, mais je dis qu’il ne l’est pas à 100%".
Environ 40 amendements au projet de loi évoquent la question du voile. Jusqu'alors, tous ont été rejetés.