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"J'ai peur que les plus grands me harcèlent": le harcèlement scolaire, une crainte et un enjeu de la rentrée

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Le sujet du harcèlement scolaire est un des thèmes de cette rentrée 2023-2024. Le nouveau ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, assure que c'est une "priorité absolue", mais les moyens mis en place sont-ils à la hauteur du fléau?

En cette rentrée, c'est une des "priorités absolues" du nouveau ministre de l'Education nationale: la lutte contre le harcèlement scolaire. Gabriel Attal a publié le 17 août un décret qui permet la possibilité de pouvoir transférer dans un autre établissement un élève harceleur, évitant ainsi à la victime de devoir partir.

Alors que près d'un enfant sur dix est harcelé à l'école en France, le texte prévoit aussi de pouvoir sanctionner un auteur de cyberharcèlement contre un élève d'un autre établissement. Autre nouveauté, la généralisation du programme "pHARe" (un plan de prévention du harcèlement à destination des écoles) aux lycées. Des "équipes ressources", d'adultes formés à la prise en charge du harcèlement, sont déjà constituées dans les écoles et collèges depuis l'an dernier.

La Première ministre, Élisabeth Borne, a quant à elle annoncé dimanche sur RTL qu'elle présenterait "d'ici la fin du mois" un plan contre le harcèlement scolaire, un "fléau" qui doit "mobiliser" tous les acteurs.

La crainte des parents et des enfants

Le harcèlement est devenu, au fil des années, une crainte de plus en plus pesante pour presque tous les parents. "C'est dans la check-list des angoisses, avec traverser la route, des trucs comme ça..", concède un père de famille rencontré à la pré-rentrée de son fils à Paris.

La crainte d'un harcèlement pèse aussi sur certains enfants: "Je rentre en seconde, j'ai peur que les plus grands me harcèlent, c'est toujours une question que je me pose...", concède-t-elle.

Un harcèlement qui s'étend souvent de l'école à la vie "numérique". Louis Boyard, député LFI, dénonçait d'ailleurs sur RMC ce lundi le manque de moyens contre le harcèlement. "On a peu de places pour l'éducation des outils en ligne dans l'école", regrette-t-il.

"La peur de ne plus arriver à le protéger"

Si elle ne s'était pas inquiétée pour son aînée, Christèle redoute ce lundi les premiers pas de son fils au collège. "A dix ans d'écart, j'y pense plus maintenant: savoir s'il va avoir des copains, et la peur de ne plus arriver à le protéger", explique-t-elle. Une peur partagée par Clémence de ne pas voir, ou de voir trop tard, "que ce soit le harceleur ou le harcelé".

"Il n'est pas très tendre envers certains camarades donc on essaie de lui dire que ça traumatise. Après, il y a le côté 'On fait comme les copains' qui prend le dessus et c'est pas évident", souffle-t-elle.

Plus de prévention dès le premier jour?

Beaucoup aimeraient plus de communication avec l'école. Et dès la rentrée, insiste Nora Fraisse, fondatrice de l'association de lutte contre le harcèlement "Marion la main tendue".

"C'est là où ça commence. C'est le moment où on doit avoir son cartable, sa trousse, son emploi du temps, et il faut leur dire: 'Voilà je vous présente les personnes dédiées à la lutte contre le harcèlement', parce que nous on sait qu'au bout de trois, quatre semaines, le harcèlement est déjà installé", explique-t-elle.

Si les récentes annonces peuvent améliorer la prévention selon Nora Fraisse, encore faut-il avoir les professeurs et les médecins scolaires, pour assurer cette mission.

Marion Gauthier (édité par J.A.)