L'ultra-violence à l'école est-elle sous-évaluée? "On laisse couler parce que la direction a peur"

Une surveillante est morte tuée à coups de couteau par un élève de 14 ans du collège François-Dolto à Nogent (Haute-Marne) ce mardi. Un nouveau drame alors que des gendarmes étaient en train justement de procéder à un contrôle des sacs des collégiens, à la recherche d'armes blanches.
Après une recrudescence de faits divers de ce type, la ministre de l'Education nationale avait annoncé en début d'année qu’au sein des établissements, tout port d’arme blanche devra donner lieu à un passage systématique en conseil de discipline et à un signalement au procureur de la République.
Pourtant, rien ne semble endiguer la violence témoignent plusieurs parents d'élèves et professeurs ce mardi sur RMC. Noah, enseignant, raconte avoir été agressé il y a trois mois par un élève de 14 ans: "J'ai eu une fracture de l'avant-bras. Il y a eu un conseil de discipline et on a essayé de trouver des circonstances atténuantes à ce jeune. Je n'ai eu aucun soutien psychologique", déplore-t-il.
Un couteau dans une classe de CE1
De son côté, Dimitri raconte l'histoire hallucinante qui est arrivée dans la classe de CE1 de sa fille: "Un garçon de 8 ans a fait tomber un couteau de son sac d'école. Il a été maîtrisé par la maîtresse mais il avait pris ce couteau après une altercation avec deux autres copains à qui il avait dit 'je vais venir vous tuer', à 8 ans", raconte-t-il aux Grandes Gueules.
"Tout a été fait pour étouffer l'affaire. Il n'y a pas eu de communication de l'école ni de la maîtresse, on l'a appris via les enfants", regrette Dimitri.
La fille de Sébastien, qui vit dans les Deux-Sèvres, a quant à elle été menacée sur les réseaux sociaux et agressée à l'école à l'âge de 11 ans: "Elle a reçu des menaces de mort, on lui disait qu'elle allée être poussée dans les escaliers. On a déposé plainte au commissariat, et la procureure a dit que ce n'était que des enfantillages. Pourtant ma fille n'a pas pu aller à l'école pendant 3 mois, elle avait la trouille. Et ça s'est calmé parce que je l'accompagnais tous les jours au collège", raconte-t-il sur le plateau d'Estelle Midi.
"Je suis délégué de parents d'élèves et les parents des deux élèves ne se sont jamais déplacés", ajoute-t-il sur RMC Story.
"Les très jeunes viennent en cours armés"
Emilie, prof d'EPS depuis 20 ans, constate "une dégradation phénoménale" du climat "liée à l'ultra-violence des jeunes". "Les très jeunes viennent en cours armés, ils n'ont plus peur de rien. Avant, il fallait juste se fâcher, maintenant, avec certains gamins, on est démunis. J'ai demandé à un élève de 6e de jeter son chewing-gum et d'aller s'asseoir, il m'a dit 'Qu'est ce qu'elle a la grosse pute?'. Et on laisse couler parfois parce que notre direction a peur".
"Que fait le système et que fait-on de ces jeunes-là?", s'interroge Emilie. "Je suis prof principale d'une classe de 5e et les jeunes étaient plus choqués de voir deux personnes s'embrasser qu'un film pornographique", conclut-elle.
Les autorités ont récemment multiplié les opérations de contrôle de ce type alors que 130 incidents avec des couteaux ont été recensés en 2024 dans les collèges et lycées, rien qu'en région parisienne.