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"L'université, le lieu de la connaissance, pas de la haine": l’avis tranché d’Arthur Chevallier

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Jean-Luc Mélenchon a appelé les étudiants à “mettre des drapeaux palestiniens partout” dans les universités. Pour l’écrivain et éditeur Arthur Chevallier, c’est une provocation de plus. L’université, c’est le lieu de la connaissance, pas celui de la haine et de l’intimidation. C’est son avis tranché ce lundi sur RMC.

Le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a appelé les étudiants à “mettre des drapeaux palestiniens partout” dans les universités. Cela fait suite à une circulaire du ministre de l’Enseignement supérieur, qui appelle les présidents d’université à veiller au maintien de l’ordre et rappelle le principe de laïcité de l’enseignement supérieur. Jean-Luc Mélenchon a dénoncé “un abus de pouvoir”. Mais cette circulaire, elle est nécessaire.

L’université, c’est fait pour étudier, pas pour terroriser les juifs. On ne va pas tourner autour du pot: le problème, ce ne sont pas les drapeaux palestiniens, c’est l’antisémitisme. Et si on ne peut pas s’empêcher d’être antisémite en parlant de la Palestine, alors oui, il faut agir. Depuis un an, des étudiants ont été stigmatisés et parfois refusés des amphithéâtres parce qu’ils sont juifs. Même s’il n’y en avait eu qu’un, c’est déjà trop. L’État doit les protéger.

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L'avis tranché d'Arthur Chevallier : "Les universités n'ont jamais été des endroits neutres" - 07/10
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Les slogans ont remplacé les arguments

L’université, c’est pourtant bien un espace de liberté. C’est ce que rappelle d’ailleurs Jean-Luc Mélenchon puisqu’il demande à ce qu’on puisse parler de géopolitique librement. Mais là, on n’a pas un débat sur la liberté académique. On ne parle pas science, on parle République, sécurité et lutte contre le racisme.

Jean-Luc Mélenchon a raison, les étudiants ont le droit de parler de Gaza, du Liban, de tout ce qu’ils veulent. Mais on n’a pas l’impression, depuis un an, quand on parle de Palestine devant les facs, d’assister à la réunion d’un club de lecture. Les slogans ont remplacé les arguments, la menace est devenue la nouvelle façon de débattre. Bref, qui, en voyant ces images, se dit que la grandeur de l’université humaniste, c’est ça?

Les universités, un espace de contestation

Les universités ont également toujours été un espace de contestation. En France, l’université incarne la liberté. Charles V, un de nos rois les plus savants, avait fait de l’université “la fille aînée des rois de France”. Elles ont longtemps été sous la dépendance de l’Église puisqu’il s’agissait de facultés de théologie. À l’image de la société, elles ont pris leur indépendance.

Et au fil de notre histoire, c’est dans les universités qu’ont grandi l’idée et l’expression de la liberté. Dès le début du XIXe, sous Louis XVIII, les étudiants manifestent contre une réforme électorale injuste. En 1832, ils participent à la première insurrection contre Louis-Philippe et sont même rejoints par les élèves de l’école Polytechnique. Au XXe siècle, ils sont de tous les combats ou presque. Et quand les étudiants sont rejoints par les ouvriers, en général, ça donne une révolution.

Mai 68 a d’ailleurs commencé par l’occupation de la faculté de Nanterre. Quand on veut déstabiliser le pouvoir en France, on a besoin des universités.

Jean-Luc Mélenchon excite volontairement les facultés

Ainsi, Jean-Luc Mélenchon excite volontairement les facultés. Le leader des Insoumis connaît très bien l’histoire de France. Il sait que, sans les étudiants, il ne peut rien faire. Il fait semblant de parler de la liberté académique, de la géopolitique, des choses très nobles, mais qui n’ont rien à voir avec le problème.

Est-ce que quand on n’est pas d’accord avec ce que dit le pape, on a le droit d’attaquer les élèves catholiques? Est-ce qu’on trouverait normal d’insulter des étudiants musulmans parce qu’il y a eu des attentats islamistes?

Non, et pour les juifs, c’est pareil. On n’a pas le droit d’interdire aux étudiants de penser ce qu’ils veulent, mais on a le devoir d’encadrer ce qu’ils font dans les universités.

Arthur Chevallier