Laïcité à l'école: un enseignant sur deux affirme avoir déjà évité d'aborder des questions religieuses en cours
C'est un chiffre révélateur: pour éviter de possibles incidents en classe, 49% des enseignants disent s'être déjà autocensurés dans leur enseignement autour des questions religieuses, un chiffre en hausse depuis 2018 selon une enquête de l'Ifop pour la fondation Jean-Jaurès et Charlie Hebdo, publiée mercredi.
Selon cette étude, quatre enseignants sur dix confient ainsi avoir déjà vécu des incidents dans leurs cours. Des élèves qui contestent notamment le principe de laïcité au nom de convictions religieuses, philosophiques ou politiques. Et c'est souvent le cas lorsqu'il s'agit de la nourriture qui leur est proposée à l'école. Dans la moitié des cas, ces incidents se déroulent pendant les cours de sport, d'éducation civique ou de sciences. En revanche, dans les enseignements d'éducation artistique, technologique ou pendant les ateliers professionnels, ces incidents sont en baisse.
800 incidents
Interrogés sur la décision de Samuel Paty de dispenser un cours sur la liberté d'expression en s'appuyant sur des caricatures de presse, trois quarts des professeurs interrogés (75%) le soutiennent, 9% pensent qu'il a eu tort et 16% préfèrent ne pas se prononcer. Le ministère de l'Education nationale avait indiqué début décembre avoir recensé près de 800 incidents (17% pour apologie du terrorisme) lors de l'hommage rendu à Samuel Paty dans les établissements scolaires.
Au total, 44 exclusions définitives ont été prononcées par les établissements et 286 signalements ont été effectués auprès des services police-gendarmerie et 136 auprès des procureurs de la République.
Cette enquête, qui intervient près de trois mois après l'assassinat par décapitation du professeur de Conflans, porte sur "les contestations de la laïcité et les revendications religieuses vécues par les enseignants dans l'enceinte scolaire", premier volet d'une série de trois sur ce thème. Elle a été réalisée en ligne du 10 au 17 décembre 2020 auprès d'un échantillon de 801 enseignants des premier et second degrés en France métropolitaine.