Macron confirme sa volonté d'interdire les réseaux sociaux avant 15 ans: est-ce vraiment faisable?

"C'est une de mes priorités". Le président français Emmanuel Macron, qui a fait une série d'annonce mardi, a répété sa volonté d'interdire les réseaux sociaux avant 15 ans. Pour cela, le chef de l'État, a confirmé vouloir que soit imposée aux adolescents une vérification de leur âge pour s'inscrire sur les réseaux sociaux, estimant qu'il y a "une jeunesse qui a été percutée" par ces plateformes.
Elle aussi en faveur d'une telle mesure, la directrice générale de l’association e-Enfance Justine Atlan, qui se bat pour protéger les enfants des écrans, déplore, sur RMC, le "manque de volonté et de participation des plateformes et des réseaux sociaux". Ces derniers "se renvoient la balle", selon elle, pour "savoir qui va être en charge de cette responsabilité de vérifier l'âge".
"67% des 6-10 ans qui sont déjà inscrits sur un réseau social", alerte Justine Atlan.
Des actions à venir au niveau européen
Dimanche, la ministre déléguée chargée du Numérique Clara Chappaz a affirmé que la France se donnait "trois mois" pour "mobiliser ses partenaires européens" sur un "accord" contraignant les réseaux sociaux à vérifier l'âge des adolescents, faute de quoi le gouvernement prendrait des sanctions. Emmanuel Macron a répété la volonté du gouvernement d'engager "un combat européen".
La directrice générale de l'association e-Enfance explique, au micro d'Apolline Matin, que cela fait "des années qu'on tourne autour de la solution, pourtant les solutions existent". Justine Atlan cite l'exemple de la pornographie, sujet sur lequel "il y a des actions en justice et des avancées", mais elles sont "extrêmement longues", reconnaît-elle.
Les réseaux sociaux ont mis en place une règle selon laquelle leur accès est interdit aux moins de 13 ans. Ils ont même "déjà prévu beaucoup de fonctionnalités de paramétrages adaptés aux âges", explique Justine Atlan.
"Mais les enfants mentent sur leur âge, les parents aussi. Les réseaux sociaux n'empêchent pas à nos enfants de rentrer", souligne-t-elle.
Les parents se retrouvent seuls face à ce problème
De nombreuses personnes pointent la responsabilité des parents. Justine Atlan concède qu'ils ont une part de responsabilité, mais elle précise que "les parents sont tout seul face à cette espèce de tempête qui leur arrive dessus". "Ce n'est plus possible", insiste la directrice de l'association e-Enfance.
Parmi les pays ayant pris des mesures sur ce dossier, l'Australie a frappé fort en interdisant les réseaux sociaux aux moins de 16 ans. En Espagne, une mesure similaire a été intégrée à un projet de loi qui devrait être examiné par les parlementaires, sans calendrier précis. En Norvège, le gouvernement s'est donné pour objectif de fixer un seuil d'accès à 15 ans, mais le pays ne dispose à ce stade pas d'échéance, ni de piste pour le mettre en oeuvre.