RMC
Éducation

Mixité sociale: l’enseignement privé peine à tenir ses promesses

placeholder video
Deux ans après s’être engagé à favoriser la mixité sociale, l’enseignement privé affiche un taux de boursiers bas. Si certains établissements adaptent leurs tarifs aux revenus des familles, la majorité reste difficilement accessible aux élèves issus de milieux modestes.

Un peu plus d’un élève sur 10 est boursier dans les établissements privés ; ils sont 3 fois plus nombreux dans les écoles publiques. Sans compter que la proportion d’élèves issus de familles très favorisées ne fait qu’augmenter dans le privé, elle est passée de 26 à 40% ces 20 dernières années.

Une ségrégation à laquelle l’enseignement privé catholique sous contrat dit vouloir résister. Pour preuve, il publie depuis quelques jours sur son site internet le taux de boursiers de chacun de ses établissements.

On apprend donc qu’au collège Sainte-Géneviève à Asnières dans les hauts de Seine, il y a 1 seul boursier pour 815 élèves ; qu’au collège Stanislas à Paris, il n’y a que 4 boursiers; mais qu’au collège Pascal à Roubaix, 7 élèves sur 10 sont boursiers.

Tarifs différenciés

Il faut dire que dans ce dernier collège privé, le prix est modulé en fonction des revenus des parents d’élèves, de 390 euros l’année pour les petits revenus à 1.100 euros pour les gros. Un quart des établissements privés pratiquent aujourd’hui cette modulation en fonction des revenus.

L’enseignement privé voudrait qu’ils soient 2 fois plus nombreux. En effet, pour l’année scolaire 2023-2024, dans le premier degré: 19.62% des écoles primaires de l’enseignement privé catholique ont mis en place un tarif différencié, modulé en fonction des revenus des parents, mais aussi 26% des collèges et 24% des lycées privés sous contrat.

11 anciens élèves d'un établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques vont déposer plainte
11 anciens élèves d'un établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques vont déposer plainte
1:09

Tarif spécial boursier à la rentrée 2025

Autre nouveauté: la création d’un tarif spécial boursier dans le privé d’ici la prochaine rentrée scolaire ; dans l’espoir de doubler le nombre de boursiers. Mais dans le privé, chaque établissement est autonome, ils ne peuvent donc qu’être incités à appliquer ce tarif maximum pour les boursiers.

Et puis il reste un frein important pour attirer ce public : le tarif de la cantine, qui est rarement subventionné dans le privé, donc cher pour les familles modestes. "Si les collectivités locales ne travaillent pas avec nous sur ces aides, les boursiers ne frapperont pas à notre porte" regrette Stéphane Gouraud. Dans le Finistère, le repas est de 2 euros par collégien boursier, qu’il soit dans le public ou le privé.

"Favoriser la mixité, c'est avant tout favoriser les écoles publiques", selon Sophie Vénétitay, du syndicat SNES

Une mesure qui favorise la mixité scolaire selon le président du département. Mais pour Sophie Vénétitay du syndicat enseignant SNES, qui défend l’école publique, "l’argent public doit aller aux écoles publiques ; et c’est un peu facile de réclamer des aides alors que les établissements privés font de la ségrégation sociale en sélectionnant leurs élèves. Favoriser la mixité, c’est avant tout favoriser les écoles publiques !"

Bérengère Bocquillon