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"On abandonne nos enfants": à Toulouse, des parents bloquent une école face au manque d'enseignants

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Les académies vont devoir pallier le manque de profs. Et la rentrée prochaine s'annonce compliquée, notamment à Toulouse où des parents ont décidé de prendre le taureau par les cornes en bloquant l'école de leurs enfants.

Il n'y aura certainement pas un professeur devant chaque élève de maternelle et de primaire à la rentrée prochaine. De l'aveu de la ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, certaines académies seront en déficit en septembre, faute de candidats au concours d'enseignant.

Des professeurs, il en manque déjà aujourd'hui. À Toulouse, par exemple, une école est bloquée ce lundi matin par des parents. Les élèves de deux classes de CP sont sans enseignant depuis le mois de mars, car deux enseignants sont en arrêt-maladie depuis mars. Mais impossible de trouver des remplaçants selon l'académie de Toulouse. Myriam Amazouz, la présidente de l'association des parents d'élèves, est excédée.

“On a comptabilisé au total 99 jours d’absences, dont 10% de journées remplacées uniquement”, déplore-t-elle.

En attendant, les élèves sont répartis dans d'autres classes, sans réel suivi pédagogique. Alors ce lundi matin, les parents agissent. “On va faire une opération coup de poing pour bloquer l’accès aux classes. On ne bougera pas d’ici tant qu’on n’aura pas de profs remplaçants”, appuie-t-elle.

Car sans instituteur, les élèves de CP ne progressent plus. Sukru, parent d'élève, s'inquiète pour son fils. “On abandonne nos enfants. Mon fils, on est presque à la fin de l’année et il ne sait pas encore écrire”, regrette-t-il. Cette école n'est pas un cas isolé. Il manque de plus en plus de professeurs des écoles.

“Il y a de moins en moins de personnes qui veulent devenir enseignantes, il y a un problème d’attractivité du métier. Le nombre de postes ouverts au concours est assez stable, mais par contre le nombre de candidats a été divisé par deux”, assure Cyril Mazzon, secrétaire général du syndicat Sgen-CFDT sur l'académie de Toulouse.

Une attractivité en berne

Aux concours de Versailles et de Créteil, il y a également moins de candidats que de postes disponibles selon le SNUipp. D’après le syndicat du premier degré, le déficit à la rentrée semble inévitable. Face à ce manque, le ministère de l’Éducation met en avant une réforme de la formation initiale pour devenir enseignant. Avec des formations ouvertes non plus dès le master en bac+5 mais dès bac+3. Des étudiants en licence sont également acceptés directement au concours.

Un plan qui ne convainc pas totalement Philippe Ratinet, président du Syndicat national des écoles.

“C’est un pas qui peut s’avérer intéressant, mais aujourd’hui lorsque vous exercez, il y a deux questions qui sont primordiales si on veut retrouver une attractivité. La première, c’est la rémunération. Et la seconde, ce sont les conditions de travail”, pointe-t-il.

Selon l’Élysée, le concours d’enseignant pourrait être ouvert aux étudiants de licence dès la rentrée prochaine.

Vincent Chevalier et Lucas Lauber avec Guillaume Descours