"On le fait déjà dans beaucoup de territoires": Robert Ménard veut tester l'uniforme à l'école

C’est le retour du sempiternel débat sur l’uniforme à l’école. Le maire de Béziers Robert Ménard plonge dans une faille ouverte par le nouveau ministre de l'Education nationale Gabriel Attal, et veut tenter l'expérience. Plutôt la retenter, car il a déjà voulu instituer l'uniforme dans les écoles de sa commune de l'Hérault en 2014 sans résultat cependant.
Cette déclaration intervient quelques jours seulement après les déclarations de Gabriel Attal, qui n'exclut pas un retour d'une même tenue pour tous les élèves dans les communes volontaires, et "si la communauté éducative d'un établissement" le demande.
“Ce n’est pas une idée nouvelle à Béziers puisque, à peine élu, à la rentrée 2014, j’avais proposé d’essayer. Qu’est-ce que ça coûte de savoir si c’est positif ou pas? On le fait déjà dans tout un tas de territoires d’outre-mer comme en Guyane, en Polynésie…", lance Robert Ménard sur RMC.
"À l'époque, on a affirmé qu’on était des personnages infâmes, presque des fascistes à l’idée de penser qu’on pouvait, pour nos gosses, proposer une blouse ou un uniforme”, rappelle Robert Ménard, qui insiste sur le "bon sens" de la mesure.
En 2014, Robert Ménard s’était heurté à l'époque à une forte opposition des fédérations de parents d'élèves et de syndicats d'enseignants. Et aujourd’hui encore l’opposition reste importante.
"L'idée ne peut pas être imposée"
D’abord sur la forme. “C’est dommage que ça tombe pendant les vacances scolaires en dehors des périodes de consultation habituelle”, affirme Jessica Boyer, enseignante à Béziers, et secrétaire départementale du syndicat SNALC.
Elle insiste:
“L'idée peut être discutée, mais pas imposée. C’est à chaque école de définir ce qu’elle estime être adapté comme code vestimentaire. Il ne faut pas jeter l’ensemble de l’idée à la corbeille. À l’école, il faudrait qu’on puisse juger les camarades et les collègues par la valeur de ce qu’on a dans la tête et pas pour ce qu’on a sur le dos”, affirme-t-elle.
"Qui va payer?"
Pourquoi pas, lancent aussi les parents d'élèves de la PEEP dans l'Hérault quand ceux de la FCPE y voient un leurre. Jacky Bowen en est le président. “Malgré l’uniforme, votre couleur de peau ne va pas changer. Que vous soyez grand, que vous portiez des lunettes, ça ne va pas changer. Il y aura toujours des différences et je pense qu’il faut cultiver cette différence”, appuie-t-il.
Des doutes sur le fond, repris dans l'opposition locale. “Qui va payer cet uniforme? On a de grosses difficultés scolaires pour beaucoup d'élèves, l’étude surveillée qui a été mise en place est payante, c’est 11 euros par mois et par enfant. C’est une somme que beaucoup de familles ne peuvent pas mettre. Dans certains quartiers, il y a moins de 5% des enfants qui en bénéficie”, détaille Thierry Antoine est élu Europe-Écologie Les Verts.
Sans s'opposer fermement à l'uniforme dans les écoles, l'élu pointe une question de priorités.