RMC

Parents, cessez de parler d'école à vos ados

-

- - -

Selon un rapport du CNRS, les adolescents français ne se sentent pas libres d'évoquer avec leurs parents les sujets qui comptent vraiment pour eux. En cause: une trop grande préoccupation des performances scolaires de la part des parents.

Pas facile pour les adolescents français de communiquer avec leurs parents! Dans un rapport du CNRS menée en 2014 dans 40 pays, les jeunes Français sont ceux qui se sentent le moins libres d'évoquer les sujets de conversation qui comptent vraiment pour eux.

Le rapport montre que les performances scolaires sont au cœur des préoccupations des parents au détriment des "vrais sujets" qui tiennent les ados français à cœur. Claude Martin, sociologue au CNRS et auteur du rapport les résultats de cette étude:

"La question scolaire en France est une question très lourde. On a une génération de parents, qui, pour beaucoup ont connu l'ascenseur social qui est confrontée à des jeunes qui, eux, sont en train de se battre avec une difficulté d'accès à l'indépendance, d'accès au travail. Donc l'inquiétude des parents sur le devenir de leur enfant est tellement aigüe que l'école devient un point de fixation.

Ce n'est pas dramatique de parler à ses contacts sur les réseaux sociaux plutôt qu'à ses parents. En revanche, ça dénote une pauvreté de la communication parent-enfant par rapport à ce qu'elle pourrait être, et par rapport à ce qu'elle est dans d'autres pays. On peut parler de beaucoup d'autres choses que de l'école et des notes. Si, à chaque fois qu'un parent rentre de sa journée, demande à son ado comment s'est passé sa journée uniquement par rapport à l'école, si la communication se résume à faire une sorte de check-up de ce qu'a été la journée scolaire et à ce que va être la suivante, on pourrait dire que la communication est assez limitée du point de vue des thématiques.

"Il faut savoir baisser la pression des deux côtés"

Je pense que la conséquence pourrait être une forme de conformisme de ces jeunes à ce que sont les attentes parentales. Beaucoup de jeunes en France sont dans la cohabitation forcée et longue. C'est une première conséquence qui n'est pas favorable au bien-être: l'idée d'être dépendant et qu'on devrait se conformer au désir parental. Beaucoup d'ados finissent leurs études et se rendent compte que ce n'est pas le cursus qu'ils voulaient réellement suivre.

Il faut savoir baisser la pression des deux côtés, de se dire qu'on ne joue pas sa peau tout le temps. Sinon ça fabrique du surinvestissement parental qui peut confiner à de la pression et des jeunes qui ne communiquent pas trop sur les sujets qui les intéressent parce qu'ils pensent que ça n'intéresse pas leurs parents.

On ne résout pas le problème du non débouché scolaire en augmentant la pression. On peut échanger sur beaucoup de sujets. Il faut pouvoir trouver une alternative à cette quête éperdue de réussite de garanties sur le futur".

Nicolas Traino (avec P.B.)