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"Plus possible d'attendre un drame": des professeurs demandent leur droit de retrait, après Arras

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L'attentat d'Arras, qui a coûté la vie au professeur Dominique Bernard, ravive les inquiétudes de nombreux professeurs concernant leur sécurité et la sécurité de leurs élèves. Certains ont déposé des droits de retrait, ce lundi.

Tous les établissements scolaires de France ont observé une minute de silence à 14h en hommage à Dominique Bernard et Samuel Paty, deux professeurs victimes du terrorisme islamiste, ce lundi. Mais dans certains autres établissements, les élèves ont dû rapidement rentrer chez eux ce lundi matin, faute de personnels pour les accueillir.

D'après les premières remontées recueillies par RMC, des professeurs ont exercé leur droit de retrait dans neuf établissements ce lundi à travers la France, en raison de vives inquiétudes concernant la sécurité de leurs locaux.

L'académie doit accepter le droit de retrait

Julien Ente fait partie de ces professeurs qui ont exercé leur droit de retrait ce lundi, avec 60 de ses collègues du lycée Fernand et Nadia Léger à Argenteuil (Val-d'Oise). Un établissement qui subirait selon "depuis des années" des intrusions.

"Il est possible de rentrer sans être vu, que ce soit de jour ou de nuit", témoigne-t-il. "Ce qu'il s'est passé à Arras nous a montré que l'on avait raison d'être inquiets sur les conditions d'accueil de nos élèves. C'est vraiment leur sécurité qui est directement impactée. Il est d'une évidence massive qu'il n'est plus possible de nous mettre en danger et de mettre nos élèves en danger et d'attendre un drame."

Ces professeurs ont demandé leur droit de retrait. Il n'y a pas de préavis, mais ils doivent avoir l'accord ensuite de l'académie. Sinon, c'est une journée non travaillée, donc non payée.

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Ne pas transformer l'école en prison, plaident des profs

L'attaque terroriste d'Arras survenue vendredi dernier pose donc de nouveau la question du dispositif de sécurité à adopter dans les établissements scolaires. Faut-il renforcer ces dispositifs, au risque de transformer nos écoles en bunkers? La question fait débat à en croire les professeurs rencontrés par RMC ce lundi soir, alors qu'ils étaient rassemblés place de la République, à Paris, en hommage à Dominique Bernard.

Mettre des portiques, des caméras ou des gardiens à l'entrée de son école, c'est hors de question pour certains. "Je pense que ça nous plongerait tous dans une ambiance assez angoissante. L'école ne doit pas devenir une prison", plaide une professeur.

Des mesures ont pourtant déjà été prises dans l'école de Catel Gientric, directrice depuis quelques mois: "Les temps d'ouverture de portes sont déjà réduits", explique-t-elle, estimant que ce serait un "véritable échec" si on devait "bunkériser" les écoles.

Traiter le problème à la racine?

Mais la question de la sécurité s'invite jusqu'à l'intérieur de la classe d'Hélène, prof d'histoire-géo au collège. "Des élèves m'ont demandé pourquoi je n'avais pas de Taser pour se défendre face aux intrusions", illustre-t-elle en soupirant. "Je ne pense pas que ce soit nécessaire".

Face au défi sécuritaire, Hélène estime que la force doit être le dernier recours, et que le problème doit être traité à la racine.

"Le problème arrive avant, il est à la racine: qu'est-ce que l'école, qu'est-ce que la société a raté pour qu'un élève qui soit passé par l'école de la République revienne avec un couteau à la main pour s'en reprendre à l'école?".

"On a besoin de plus d'enseignants, on a besoin que cet échec ne se reproduise plus", plaide-t-elle.
Thomas Schnell (édité par J.A.)