Professeurs absents et cours non remplacés: les procédures contre l’État se multiplient partout en France

Douze dossiers seront examinés ce mardi, avec en moyenne 130 heures de cours perdus pour chaque élève, et un record pour Vincent qui a perdu 267 heures de cours de français, d’histoire, de maths, etc, en 4ᵉ, en 2022, à cause de professeurs non remplacés.
De quoi exaspérer des parents et expliquer près de 300 procédures en cours dans 25 académies différentes pour le cabinet d’avocat de Joyce Pitcher. Elle a lancé il y a trois ans, avec des parents d’élèves en colère, le collectif #onveutdesprofs.
Depuis, l’indemnisation pour les parents d’élèves est passée de 1 euro à 10 euros par heure de cours perdues par leurs enfants. Et pour les parents, aucun frais à débourser: les indemnisations financent la procédure. Seule obligation: monter un dossier et prouver les heures de cours non dispensées.
“Ça va commencer à couter cher à l’État”
Mais l’objectif pour Sylvaine, qui a cofondé #onveutdesprofs, “ça n’est pas l’argent, c’est mettre la pression sur l’Éducation nationale”. D’où des procédures en référé qui se multiplient, elles aussi, après 15 jours d’absence d’un professeur, la justice peut obliger en urgence l’éducation nationale à trouver un remplaçant.
Une judiciarisation qui a de beaux jours devant elle puisque l’association de parents d’élèves FCPE note plus de 76.000 heures de cours perdues sur son site de déclaration spontané “ouyapascours”, un chiffre jamais atteint à cette époque de l’année. Et ce ne sont pas les difficultés de recrutement de professeurs qui vont arranger les choses. “Ça va commencer à couter cher à l’État”, explique l’avocate, qui a aussi obtenu le remboursement de cours particuliers que les parents payent à leurs enfants, en remplacement des heures perdues.
Sans compter le préjudice moral des parents reconnu pour la première fois le 18 février dernier par le tribunal d’Orléans. Cinq cents euros pour les élèves et trois cents pour leurs parents. C’est l’indemnisation que le ministère de l'Éducation nationale a dû verser à dix parents d'élèves d'une même classe du lycée Léonard-de-Vinci, à Amboise, en Indre-et-Loire. En 2023, les lycéens avaient perdu 50 heures de cours de français.
“Tout ça ne remplacera jamais un professeur devant une classe, déplore Sylvaine, mais si tous les parents portent plainte à chaque heure perdue, l’Éducation Nationale sera bien forcée de bouger”.