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Prostitution de mineurs: une proposition de loi pour mieux lutter contre les réseaux

Le député LaRem de l'Ille-et-Vilaine Mustapha Laabid va déposer la semaine prochaine une proposition de loi pour lutter contre la prostitution des mineurs.

Ils seraient entre 5.000 et 8.000 jeunes à se prostituer chaque année en France. Et 40.000 prostitués adulte seraient entrés en prostitution avant d'avoir 18 ans. Le député LaRem Mustapha Laabid va déposer une proposition de loi la semaine prochaine pour lutter contre la prostitution des mineurs.

Le texte vise à mieux lutter contre les réseaux et à mieux protéger notamment les jeunes filles qui deviennent parfois elle-même proxénètes. RMC est allée à la rencontre des professionnels de la Protection judiciaire de la Jeunesse dans le Val-d'Oise où une vingtaine de mineurs impliqués dans des réseaux de prostitution sont suivis actuellement.

"Elle ne voit pas où est le problème"

Samir Cornet y est éducateur. Il accompagne, sur décision du juge, une adolescente tout juste majeure. Aujourd'hui mise en examen pour proxénétisme, Camille se prostitue depuis qu'elle a 15 ans: "Elle a essayé parce qu'une copine lui en a parlé. Elle a pu demander beaucoup d'argent et la passe se fait en 10-15 minutes. Petit à petit, elle s'est retrouvée à rencontrer un garçon qui était proxénète avec qui elle a lié amitié, et même au-delà. Elle considère que c'est une activité qui rapporte et elle ne voit pas où est le problème".

Samir Cornet adresse Camille à un médecin, lui trouve un hébergement et sollicite le Mouvement du Nid, une association spécialisée dans la sortie de la prostitution. Un horizon encore bien éloigné pour Camille: "Il y a quand même un souhait d'avoir une activité dans la vente, mais quand elle voit les salaires, elle recule tout de suite. Pendant les entretiens, son téléphone sonnait régulièrement. C'était les clients. Même si elle refuse d'en parler, c'est un réseau qui la retient, et elle est un peu prisonnière".

"Pour les parents, c'est compliqué"

Le risque supplémentaire c'est une rupture avec les parents comme l'a également constaté Corinne Dubard, éducatrice spécialisée: "J'ai eu une mère qui l'a très mal pris. Ça a coupé le lien qu'elle pouvait avoir avec sa fille alors qu'on était dans une suspicion de prostitution. Pour les parents, c'est compliqué".

Pour ce qui est de Camille, elle ne s'est pas présentée aux deux dernières convocations de la justice. Son éducateur la soupçonne d'être retombée sous l'emprise du réseau.

Marion Dubreuil (avec P.B.)