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Proviseure, je mets moins de sanctions depuis que j'ai imposé de la lecture à mes élèves

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Depuis la rentrée scolaire, un quart d’heure de lecture quotidienne sont imposées aux élèves et au personnel du collège de Banon, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Pour Marianne Lew, la proviseure de l’établissement, à l’origine de l’initiative, ce moment de liberté observée est un véritable succès. Elle témoigne sur RMC.fr.

Marianne Lew, principale du collège de Banon, dans les Alpes-de-Haute-Provence.

"Une proviseure travaillant en Turquie m’a fait part de cette idée après avoir fait le constat que les enfants ne lisaient pas assez. Nous ne savons pas si les enfants dont nous nous occupons lisent ou ne lisent pas. Il y a une grande inégalité dans l’accès à la lecture. Il y en a qui ne lisent jamais.

Je voulais convaincre les enseignants, les élèves et le personnel de l’utilité de ce projet mais également construire un rituel autour de la lecture, créer une habitude et du silence.

"Le nombre de renvois de cours divisé par 8"

Chacun se met où il veut avec le livre qu’il veut. Quand il fait beau je lis avec eux en m’asseyant par terre dans la cour. C’est un moment de liberté qui fait tomber les barrières entre les enfants et les professeurs.

Cette habitude a aussi permis de créer un retour au calme. Ça a notamment augmenté la concentration des élèves et aussi beaucoup apaisé le climat scolaire. Je mets moins de punitions et de sanctions. L’après-midi, les élèves étaient souvent renvoyés de cours car ils étaient énervés. Depuis l’instauration de cette obligation de lecture, le nombre de renvois de cours a été divisé par 8. Mais il y en a tout de même quelques uns qui ont du mal.

"Des enfants n’ont pas lu depuis 2 ans"

L’immense majorité des enfants attendent ce moment. Avant même que la sonnerie ne retentisse, ils sont déjà installés. Il y a de très bons lecteurs mais il subsiste également des jeunes qui n’ont pas lu depuis deux ans. Ceux qui n’ont pas de livre disposent donc de cagettes en accès libre installées un peu partout dans l’établissement. Si on voit qu’ils ne s’y intéressent pas, on discute avec eux, on analyse ce qu’ils préfèrent et on les dirigent vers la documentaliste, qui va les conseiller au mieux.

Ils pourront choisir des bandes dessinées, des mangas, des romans mais pas des manuels scolaires ou des magazines. J’opte pour le défi du temps long. La démarche pour lire un livre n’est pas la même que celle pour lire un magazine. Le magazine, on le prend, on se pose et on le lit rapidement. On le consomme immédiatement, comme sur Internet.

Le pari est de retrouver les éléments d’un roman ou d’un livre chaque jour, en faire un espace entre soi et l’auteur. Si mes élèves respectent cela durant toute leur scolarité, ils auront lu quatre ans."

Propos recueillis par Julie Breon