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Réforme du bac: "Aujourd’hui, il ne sert à rien"

Des élèves planchent sur le bac 2017.

Des élèves planchent sur le bac 2017. - AFP

Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a annoncé ce mardi une réforme du baccalauréat pour 2021, avec un resserrement des épreuves finales. Mais pour Philippe Tournier, secrétaire général du principal syndicat des chefs d'établissement, le SNPDEN, la vraie question à se poser, c'est celle de l'utilité même du bac.

Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, le syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale.

"Cette réforme du baccalauréat faisait partie des engagements présidentiels de manière très claire. Il y avait débat sur l'échéance, là on nous annonce une application pour 2021. Il faut laisser le temps à la discussion, au calage du projet, et donc 2021 est une échéance raisonnable. Après avoir attendu tant d'années, on n'était pas à un an près.

Après, ce qu'il faut faire, c'est se poser la question: à quoi sert le bac? On nous annonce un resserrement des épreuves finales autour d'un plus petit nombre de matières avec une plus grande prise en compte du contrôle continu. Mais qu'il y ait 50 ou 4 épreuves, si le bac ne sert à rien, il ne sert toujours à rien. La grande question qui est posée aujourd'hui c'est: quelle est la place du baccalauréat dans le cursus des élèves?

"Ça veut dire quoi, un resserrement?"

Aujourd'hui c'est clair, il ne sert à rien. Quand il y a des formations sélectives, personne ne s'inquiète des résultats du bac. Même chose quand il y a des problèmes d'accueil dans l'enseignement supérieur, comme on l'a vu avec les problèmes d'admissions post-bac. En fait, le bac n'est jamais pris en compte. Il ne l'est finalement que pour les gens qui ne l'ont pas.

Il y a l'annonce d'un resserrement du nombre d'épreuves finales et on espère que cela sera bien le cas après la réforme. Pour le brevet, on a réussi à faire remplir 7 copies aux élèves en deux épreuves. On ne sait pas ce qu'est une épreuve aujourd'hui. Il faudra voir ce qu'il y a derrière les mots.

"85% de bacheliers, mais seulement 50% de diplômés du supérieur"

On ne demande pas la suppression du bac, mais s'il continue à ne servir à rien la question de sa suppression se posera. Nous voulons qu'il retrouve son rôle historique, celui d'être l'examen d'entrée dans le supérieur, ce qui suppose de l'organiser complétement différemment. APB a radicalement changé le paysage: on voit bien que pour les terminales, leur admission post-bac est bien plus importante que le diplôme lui-même.

Le bac c'est surtout un diplôme de fin d'études secondaires. Il n'évalue rien des compétences pour l'enseignement supérieur: la preuve, on a 85% de reçus au bac et moins d'un étudiant sur deux qui décroche son diplôme du supérieur.

Il faut mieux séparer les deux choses. Par exemple, on peut imaginer que le certificat de fin d'études secondaires peut être la partie en contrôle continue, et que les épreuves terminales soient tournées vers les compétences dont on a besoin pour réussir dans l'enseignement supérieur. On ne devrait pas refaire le programme de terminale pendant l'épreuve finale, ce n'est pas selon moi le but du bac."

Propos recueillis par Philippe Gril