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Rentrée: les inquiétudes liées au nouveau programme "d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle"

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ENQUÊTE RMC. Rentrée scolaire ce vendredi pour les enseignants. Une rentrée marquée notamment par l'arrivée de nouveaux programmes d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. Des programmes qui inquiètent certains parents.

La rentrée des professeurs, c'est ce vendredi, en attendant la rentrée des 12 millions d'élèves lundi. Une rentrée marquée notamment par de nouveaux programmes d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle.

Des nouveaux programmes qui suscitent quelques inquiétudes parmi les professeurs. Il y a deux nouveaux programmes: en maternelle et en primaire, les enseignants vont apprendre aux élèves à reconnaître les émotions et ils vont également apprendre l’intimité comme par exemple, on ne regarde pas un camarade qui est aux toilettes.

Le consentement est également au programme, comme savoir demander quand on souhaite prendre un camarade dans ses bras par exemple. Et puis il y a l’égalité entre les filles et les garçons. Il n’est donc pas question de parler de sexualité en maternelle ou en primaire.

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À partir du collège, les professeurs feront de la prévention sur les infections sexuellement transmissibles, informeront sur la contraception, la reproduction, lutter contre l’homophobie et ils sensibiliseront aux stéréotypes de genre. Par exemple, expliquer que ce ne sont pas forcément les garçons qui jouent au foot et pas forcément les filles qui font le ménage à la maison.

Des parents dans une panique complète à cause des fake news

Si sur le fond ces nouveaux programmes sont dans l’air du temps, certains professeurs sont inquiets notamment parce que beaucoup de contrevérités circulent sur les réseaux sociaux. Et certains parents se font tout simplement manipuler.

Amélie est directrice d’une école primaire en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et en mars dernier, juste après la sortie de ces nouveaux programmes, quelques parents d’élèves lui demandent un rendez-vous. Elle se retrouve finalement devant 50 parents affolés par de fausses informations partagées sur les réseaux sociaux.

“On allait faire faire des choses horribles à leurs enfants, on allait apprendre à leurs enfants à se masturber en classe, ils allaient se mettre tout nu, on allait les regarder… Ils n’écoutaient rien, ils étaient vraiment dans leur truc de panique complète. Ce sont des parents qui habituellement réfléchissent, mais là, ils étaient incapables de m’écouter. C’est terrible de voir ce qu’ils pouvaient imaginer”, appuie-t-elle.

Une communication avec les parents essentielle

Alors suite à ça, Amélie a organisé une autre réunion, elle a imprimé les programmes et les a détaillés aux parents, et finalement, tout est rentré dans l’ordre. Il faut dire que certains parents d’élèves sont radicalement opposés à ces programmes et ils sont très actifs. Ce n’est pas la majorité des parents, mais des groupes de parents comme “les parents vigilants” par exemple. C’est un réseau de parents d'élèves créé par le parti reconquête d’Eric Zemmour et ils sortent ce dimanche un petit guide pour appeler tous les parents à poser des questions sur ces programmes lors des réunions de rentrée et à leur signaler d’éventuelles séances inappropriées. Sandrine Duminy est la coordinatrice nationale des “parents vigilants”.

“On conseille aux parents de se renseigner, de savoir ce qui va être dit et surtout qui va assurer ces séances auprès de leurs enfants. Et nous les invitons à signaler aussi s’il y a des séances qui ont posé problème”, indique-t-elle.

Alors un enseignant sera toujours présent lors de ces séances et bien sûr, la communication entre les parents et les professeurs est essentielle sur ce programme qui traite de questions très personnelles.

Yann Jaouannet est directeur d’une école primaire privée catholique dans le Cher. L’an dernier, il a fait une première séance d’éducation à la vie affective avec les CM1/CM2. Il n’avait pas pensé à prévenir les parents d’élèves.

“On a informé les enfants et naïvement, on n’a pas prévenu les parents. Et dès le lendemain, 3-4 parents sont venus nous voir en nous disant, ‘attendez, qu’est-ce qu’il se passe?’. Moi, je comprends tout à fait les parents qui s'inquiètent, c’est même plutôt rassurant. Pour moi, c’est uniquement un problème de communication. Cette année, on le refait, là, on a déjà rencontré l’infirmière pour lui expliquer qu’on va faire ça et en réunion de rentrée, on expliquera ça”, souligne-t-il.

Un soutien du ministère attendu

Bien communiquer avec les parents d’élèves, c’est aussi ce qu’a recommandé la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, lors de sa conférence de rentrée. L’Éducation nationale a sorti sept flyers ce mercredi à destination des familles sur ces programmes d’éducation à la vie affective et sexuelle. Les programmes sont en ligne également.

Mais ça n’est pas assez pour Aurélie Gagnier, porte-parole du principal syndicat d'enseignants du primaire. Elle réclame un vrai soutien du ministère aux enseignants. “Il faut être très clair sur le fait que cet enseignement doit être dispensé et que toute dérive, tout empêchement ne passera pas. Il faut que le ministère, et la ministre soient présents pour protéger ses personnels en cas de débordement”, explique-t-elle.

Jusqu’à aujourd’hui, seuls 15% des élèves recevaient ces séances d’éducation à la vie affective et sexuelle. Un enfant sur trois a pourtant été exposé à la pornographie à 12 ans et 2 à 3 enfants par classe sont victimes d’inceste. L’école a donc un rôle essentiel à jouer.

Bérengère Bocquillon avec Guillaume Descours