"Sa mémoire n'est pas oubliée": pourquoi le collège de Samuel Paty ne porte toujours pas son nom?

Deux ans et demi après l’assassinat de Samuel Paty, le collège du Bois-d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) où il enseignait, ne porte toujours pas son nom. Une promesse pourtant faite par les élus locaux après la décapitaiton par un terroriste islamiste du professeur d'histoire-géographie. Son nom est aussi absent des rues de la ville de 35.957 habitants.
L'idée avait pourtant été évoquée dès le week-end suivant l'attentat par le président du conseil départemental des Yvelines Pierre Bédier (LR). "Lâcher à titre posthume un enseignant qui a été lâché de son vivant… On attendrait des institutions plus de courage", dénonce dans les colonnes du Parisien Virginie le Roy, l’avocate de la famille de Samuel Paty.
Élèves et parents d'élèves plus réservés
Si en France de nombreux établissements ou lieux publics ont été renommés au nom de Samuel Paty, à Conflans-Saint-Honorine, le souvenir du professeur est immatériel.
Ou presque. Son souvenir est bien présent même s'il est discret précise ce vendredi sur RMC et RMC Story Corinne Grootaert, présidente de la FCPE de Conflans-Saint-Honorine: "Au sein du collège, le CDI s'appelle Samuel Paty, dans les couloirs de l'établissement, il y a une affiche. La journée médiévale qu'il avait mise en place est toujours maintenue. Au sein du collège et de la ville, sa mémoire n'est pas oubliée et elle ne le sera jamais", assure-t-elle.
Un souvenir immatériel et discret qui répondrait au souhait d'une majorité des principaux intéressés, ajoute Corinne Grootaert qui en veut pour preuve un sondage réalisé par l'antenne locale de la FCPE en octobre 2021 auprès de 300 familles concernées. Interrogés, 11 % des élèves et 19 % des parents avaient assurer vouloir voir le collège rebaptiser du nom de Samuel Paty.
"Coup de com'"
Quant aux promesses, elles n'engagent que ceux qui les font tacle la présidente de la FCPE de Conflans-Sainte-Honorine: "Aucune promesse pour rebaptiser le collège n'a été faite, il n'y a que le président du conseil général des Yvelines Pierre Bédier qui a fait un coup de com' sans consulter personne", lance-t-elle. "Aucun des habitants de Conflans ne veut oublier cette histoire, elle ne peut pas être oubliée, elle est ancrée en nous", ajoute Corinne Grootaert.
Et elle l'assure, il n'est pas question de peur ou de réticence mais de défense des élèves et enseignants. "Il faut penser aux gens qui sont dans ce collège, les enseignants et les professionnels. Il faut aussi peut être attendre que ceux qui ont vécu ce drame, les élèves, finissent par quitter le collège et ensuite appeler ce collège Samuel Paty. Personne n'est contre".
"Je pense que l'avocate de Samuel Paty est aussi sur un procès contre l'institution et elle parle d'un manque de courage lié à sa protection. Mais les parents de Samuel Paty ont toujours tenu à faire attention aux élèves", conclut Corinne Grootaert.