RMC
Éducation

Suicide d'une directrice d'école le jour de la rentrée: la commune de Moussages sous le choc

placeholder video
Une institutrice du Cantal, victime depuis près de 2 ans du harcèlement homophobe d'un corbeau qui, à ce stade, n'a jamais été retrouvé, a choisi de se donner la mort le jour de la rentrée. A Moussages, les questions sont nombreuses et le choc immense.

Une institutrice de 42 ans, harcelée par un corbeau en raison de son homosexualité, a été retrouvée morte lundi matin, jour de la rentrée, à Anglards-de-Salers dans le Cantal près de son domicile.

Directrice d'une école à classe unique à Moussages, à une dizaine de kilomètres de là, la victime a été découverte sans vie par les gendarmes en contrebas d'un site escarpé. La ministre de l'Éducation nationale, Élisabeth Borne, a annoncé saisir l'Inspection générale de l'Éducation nationale, afin de mener une enquête administrative et faire la lumière sur la mort de Caroline Grandjean, répondant ainsi à la demande des syndicats.

Durant l'année scolaire 2023-2024, cette directrice avait retrouvé des tags dans l'école et une lettre anonyme avec menaces de mort concernant son orientation sexuelle. Elle avait été alors arrêtée temporairement par son médecin avant de reprendre son activité. Depuis fin avril, elle était de nouveau en arrêt de travail, a indiqué le rectorat de Clermont-Ferrand.

La piste du suicide est aujourd'hui privilégiée, pour le parquet. Un décès difficile à encaisser dans le village. Devant la petite école, peu de parents prennent la parole. Sabrina, la gorge nouée, a du mal à réaliser.

“Je suis triste de ce qui s’est passé. Je pense que quand on est enseignant, on ne vient pas à l’école pour se faire… Enfin, je trouve ça triste quoi. Elle n’était pas prof pour ça”, indique-t-elle.

Un manque de soutien?

Des parents accusés, à l’époque, de ne pas avoir assez soutenu la directrice. Faux, répond Julien Audinet, représentant des parents d'élèves de l'école. “Nous avons toujours essayé d'œuvrer en coordination avec la mairie et l’Éducation nationale. Peut-être n'avons-nous pas fait assez, peut-être avons-nous été maladroits, je ne sais pas. Apparemment, cela n’a pas suffi pour la soutenir pleinement”, constate-t-il.

Un suicide comme conclusion tragique d’une histoire commencée il y a un an et demi. Tags homophobes, courriers menaçants… Le ou les auteurs n’ont jamais été retrouvés. Ces habitants espèrent que le drame relancera les investigations.

“C’était à prévoir ça. La première fois, il n’avait qu'à attraper le type”, dénonce un habitant. “Ça ne va peut-être pas rester sans suite, peut-être qu’à la fin quelque chose va sortir. Qu’ils trouvent celui qui a fait le coup ça serait très bien même”, ajoute un autre.
Un habitant le regrette: dans le village, tout le monde est devenu un peu méfiant.

Vincent Chevalier avec Guillaume Descours