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"Tu peux te sentir abandonné": les pères absents dans le viseur du gouvernement

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Pour lutter contre la délinquance, le gouvernement veut responsabiliser les "parents défaillants" en tapant au portefeuille pour les dégâts des enfants. Et vise tout particulièrement les pères absents.

Le gouvernement veut responsabiliser les parents défaillants. C'est ce qu'a annoncé ce dimanche la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé. Et pour les responsabiliser, la ministre veut taper au portefeuille. Des amendes seront dressées pour les parents qui ne se présentent pas au tribunal pour une audience de leur enfant. Les parents devront aussi payer une contribution financière auprès d'associations de victimes si leur enfant est reconnu coupable de dégradation. Enfin, des heures de travaux d'intérêt général pourront être prononcées contre les parents défaillants.

Sont particulièrement visés par le gouvernement, les papas absents. "Les pères ne peuvent pas se résumer à une pension alimentaire", prévient la ministre Aurore Bergé. Car le phénomène est réel. Quand elle se promène dans son quartier en région parisienne, gilet rose sur le dos, Fatimata Sy a parfois du mal à croire les discours tenus par d'autres mamans.

"La majorité des papas sont absents", constate-t-elle au micro de RMC. Il y a quelques années, elle a fondé le collectif Gilets Roses, pour accompagner les femmes isolées dans les quartiers populaires. "75% des femmes qui travaillent avec moi font sans le papa de leurs enfants. Elles se débrouillent et font ce qu'elles peuvent", déplore Fatimata Sy.

Le journal de 7h30 - 11/12
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"J'ai tenté de responsabiliser le papa pendant toute la grossesse mais on ne peut pas forcer quelqu'un"

Même en faisant ce qu'on peut, la présence du père est souvent fondamentale, insiste Mélanie, maman d'un garçon de 8 ans. Malgré une séparation compliquée, elle tente d'impliquer de plus en plus le père dans l'éducation du garçon.

"Aujourd'hui, ça lui fait du bien de voir son père. Cela participe à son équilibre. Si ton père ne fait pas partie de ta vie, tu peux te sentir abandonné, et ça peut entraîner un sentiment de révolte. S'il ne s'implique pas, il faut que cela lui retombe dessus, qu'il assume", appelle-t-elle.

Mais la menace de cette sanction fait grincer des dents Laura derrière sa poussette: "Le papa n'a pas voulu l'assumer à la naissance". Alors l'éducation de sa fille, dans les prochaines années, elle préfère gérer ça toute seule: "J'ai tenté de responsabiliser le papa pendant toute la grossesse mais on ne peut pas forcer quelqu'un, ça ne serait pas fait de bon cœur. J'ai préféré assumer toute seule".

D'après l'Insee, en 2020 en France, une famille sur quatre était composée d'un seul parent, la mère en l'occurrence dans 80% des cas.

GD avec Mahaud Becker-Granier, Martin Bourdin et Alfred Aurenche