Un enseignant de Lyon 2 visé par des militants cagoulés: "Ils ont essayé de me poursuivre" témoigne Fabrice Balanche

Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste a appelé hier à une très grande fermeté après l’incident qui s’est déroulé mardi, à l’université Lumière-Lyon-II.
Le maître de conférence en géographie et spécialiste du Moyen-Orient, Fabrice Balanche, a quitté l’amphithéâtre après l'irruption d’une quinzaine d'individus encagoulés qui ont interrompu son cours et l’ont traité de "sioniste" et "raciste".
Le professeur et l’université vont déposer plainte. Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour "entrave à l'exercice de la fonction d'enseignant".
Invité sur RMC, ce lundi, l’enseignant a donné sa version des faits.
“Mardi, j’ai eu une vingtaine de personnes qui sont arrivées dans mon amphithéâtre en scandant ‘racistes, sionistes, c’est vous les terroristes’. Et puis ils ont entouré la chair où je me trouvais, ont commencé à m’invectiver en me traitant de pro-israéliens, de génocidaire. Et donc en entendant ça je suis parti de l’amphithéâtre. Ils ont essayé de me poursuivre, mais heureusement, j’ai des étudiants qui se sont interposés et après, ils ont hurlé ‘Balanche en dehors de la fac’”, raconte-t-il.
Un agent de sécurité présent pour la reprise des cours mardi
Il dénonce un climat de terreur notamment au sein de son université, mais aussi plus général dans l’enseignement supérieur. “J’ai reçu beaucoup de soutien d’élèves, de collègues, mais c’est vrai qu’il y a un ras-le-bol à l’université avec ces blocages en permanence, avec ce climat de terreur que font régner ces groupes d’extrême gauche, islamo-gauchiste de plus en plus islamiste d’ailleurs. À Lyon, on a franchi un cap parce qu’ils ont voulu organiser des ruptures de jeûne, on a eu un blocage il y a une semaine sur des revendications clairement islamistes. C’est une opposition à la laïcité tout à fait incroyable”, explique-t-il.
Du côté des étudiants qui l’ont ciblé, il s’agit d’un collectif d'étudiants qui lui reproche des positions "racistes et sionistes". Ils prennent pour exemple la rencontre du professeur en 2016 avec Bachar Al-Assad, l'ancien dictateur syrien.
“Je suis chercheur, mon travail est d'aller sur le terrain et pas d'analyser en me basant uniquement sur les réseaux sociaux”, assure-t-il.
Alors comment va se passer la reprise des cours ce mardi? Un agent chargé de la sécurité sera présent lors de son prochain cours demain L'institution est aussi prête à autoriser la police sur son site, si le préfet l'estime nécessaire. L'enseignant bénéficie par ailleurs de la "protection fonctionnelle", accordée aux fonctionnaires menacés sur leur lieu de travail. “Moi j’ai prévu de poursuivre mes cours normalement. On m’a demandé si je voulais délocaliser mes cours sur le campus du centre-ville, je leur ai répondu qu’il n’en était pas question, qu’on n'allait pas abandonner le campus de Bron à ces groupuscules. Il faut mettre des moyens en place pour que tous les cours puissent se tenir dans de bonnes conditions. On ne peut pas céder en permanence à la pression de ces groupuscules”, appuie-t-il sur RMC.