"Un grand cercueil": les professeurs d'un collège d'Argenteuil alertent après des menaces de mort

Dans une lettre ouverte adressée mercredi à la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, les professeurs du collège Lucie Aubrac d’Argenteuil dans le Val-d'Oise dénoncent des menaces de mort reçues la semaine dernière par une enseignante. Des menaces faisant explicitement référence à Samuel Paty et Dominique Bernard.
"Un cap est franchi" dénoncent-ils, alertant sur "une escalade de la violence". Agressions physiques, jets de mortiers, harcèlements graves entre élèves, intrusion, dégradation du matériel, rodéo urbain devant le collège au moment de la sortie de classe... Ces enseignants demandent une action immédiate de l’Etat face à ces violences.
"Je ne tolérerai aucune menace et aucune violence à l'École", a répondu Élisabeth Borne sur X.
Une lettre explicite
Tout est parti d'une lettre. Le courrier, dactylographié, atterrit la semaine dernière dans la boîte aux lettres du collège. À l’intérieur, des menaces de mort explicites. Maude est professeure au sein de l’établissement.
“Il y a la date de la mort de Samuel Paty, celle de Dominique Bernard et puis deux points d’interrogation ‘et 2025’ avec le nom de notre collègue à côté. Et un grand cercueil qui fait très peur”, décrit-elle.
Un climat qui se détériore depuis des années
Si elle a tenu à continuer à donner cours, ils n’étaient qu’une dizaine mercredi à venir travailler. Le reste des professeurs est en arrêt-maladie. Le résultat selon Maude d’une violence répétée. “C’est des cris, des insultes tout le temps et puis ils en viennent aux mains très vite. Très souvent et pas qu’entre eux. Ils s’en prennent à nous physiquement”, appuie-t-elle.
Son collègue Marc confirme. Depuis plusieurs années, le climat scolaire se détériore. “On est rodé par une violence verbale de tous les jours”, dénonce-t-il.
Une violence qui ne surprend pas Hakim Kouiria, médiateur pour la ville d’Argenteuil.
“C’est vrai que quand ils sortent à l’extérieur, nous, on est là, on arrive à leur parler, à les encadrer. Mais quand ils sont à l’intérieur de l’école généralement, ils sont en situation de force”, estime-t-il.
L'académie explique que la direction est passée dans toutes les classes pour échanger avec les élèves. Un dispositif d’écoute a également été mis en place pour les professeurs.