Une prof d'université canadienne utilise le mot "nègre" lors d'un cours et se retrouve au cœur d'une polémique
C’est une professeure de 43 ans, qui enseigne depuis une dizaine d’années à l’université d'Ottawa, la capitale canadienne. Elle s’appelle Verushka Lieutenant-Duval, elle est francophone comme son nom l’indique. Et elle donne des cours sur l’art et le féminisme. La représentation des corps et en particulier des corps différents. Elle est de gauche, tout ce qu’il a de plus politiquement correcte. Et même, une caricature du politiquement correct, quand on lit ses textes.
Il y a un mois, à la fin d’un cours, elle a expliqué comment parfois des minorités pouvaient détourner un mot insultant, et en faire au contraire un mot de ralliement. Par exemple, le mot “Queer” en anglais qui veut dire “bizarre”. Qui était au départ une insulte homophobe et qui aujourd’hui est utilisé par les homosexuels pour parler d’eux même.
Autre exemple. Le mot "nègre", insulte terriblement raciste mais mot repris par des écrivains noirs comme Léopold Sédar Senghor ou Aimé Césaire. Des écrivains francophones qui ont parlé de leur "négritude". Seulement voilà le cours était en anglais et en anglais ce concept n’existe pas. Et le mot "Nigger" est un tabou absolu. En Amérique personne ne l’utilise plus jamais. On dit le "N word", le mot en N. Et en québécois, on dit: "le mot entier commençant par un N".
Son nom, son mail et son adresse personnelle rendus publics
Madame Lieutenant-Duval l’avait oublié et elle va le payer très cher. Une étudiante a aussitôt porté plainte pour cette “micro agression”. Micro agression, dans la langue universitaire politiquement correcte ça veut dire “terrible blessure”. L'étudiante a souligné dans sa plainte le caractère aggravant de la “blanchité” de la prof. Puis elle a mis en ligne sur Twitter, le nom de l’enseignante, son mail, et son adresse personnelle ou elle vit avec ses enfants.
Le recteur de l’université, a aussitôt suspendu la prof dans un long texte où il explique qu’il faut certes défendre la liberté d’expression des enseignants mais qu’elle aurait très bien pu faire cours sur le mot, sans prononcer le mot. Et pas une once de soutien du recteur face aux menaces et aux insultes en ligne.
Trente-quatre professeurs francophone ont ensuite pris le parti de leur collègue et ils ont à leur tour été harcelé sur twitter. Puis 27 professeurs, noirs et anglophones ont pris au contraire le parti des étudiants. Quand a Verushka Lieutenant-Duval, elle se dit bouleversée. Et effrayée. Finalement sa suspension a été levée et elle a pu reprendre son cours vendredi. Mais une seule élève s’est présentée. Tous les autres la boycotte.