Une prof victime d'accusations mensongères après avoir montré une peinture avec des femmes nues

Aucun cours n'est assuré depuis vendredi dernier au collège Jacques-Cartier, à Issou, dans les Yvelines. Les enseignants ont exercé leur droit de retrait. Ils dénoncent un climat d'insécurité venant des élèves et de certains de leurs parents, depuis des semaines, et craignent une situation ressemblant à celle de Samuel Paty.
Ils se réunissent ce lundi matin pour lancer une possible grève. Des renforts académiques doivent être déployés dès ce lundi dans l’attente de l’affectation de moyens pérennes, selon le ministère de l'Éducation et de la jeunesse.
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, ce sont des accusations à l'encontre d'une enseignante, après un court dédié à l'art. Pendant ce cours, l'enseignante de français diffuse à ses élèves de sixième une peinture italienne du XVIIe siècle où cinq femmes entièrement nues sont représentées.
Pour certains élèves, c'est contraire à leurs convictions, ils détournent le regard. Et à la sortie du cours, des rumeurs commencent à circuler parmi les collégiens et certains parents. L'enseignante aurait eu des propos racistes. Elle aurait interrogé des élèves musulmans pour les mettre mal à l'aise.
De fausses accusations "graves et inacceptables"
Rapidement, il apparaît que toutes ces accusations sont fausses, mais le mal est fait. Et le procédé est dénoncé par Sophie Vénétitay, du syndicat enseignant SNES-FSU. “Ce genre de méthode peut conduire à un drame, on l’a vu dans le cadre de l’assassinat de Samuel Paty. Les professeurs font leur métier et ils doivent être respectés pour ça. Il faut certainement des moyens supplémentaires pour aider cet établissement à sortir des problèmes qu’il connaît”, assure-t-elle.
Car depuis octobre, le collège a enregistré une dizaine de faits: atteintes à la laïcité, atteintes aux personnes, racisme… Face au sentiment d'abandon, les enseignants demandent plus de moyens. Mais leur lettre, adressée à la direction de l'académie, est restée sans réponse.
Quant au support pédagogique utilisé par cette enseignante, "ce n'est pas un problème" souligne Sophie Vénétitay. "Elle a tout fait raison, ajoute la secrétaire générale du SNES-FSU. C'est notre rôle de confronter les élèves à des univers qu'ils ne connaissent pas, pour les faire réfléchir. (...) Des choses fausses ont été dites, car il n'y a pas eu de propos raciste et il y a eu une tentative de dialogue pendant le cours. Ces accusations, c'est extrêmement grave et inacceptable."