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Vers une réouverture progressive des écoles à partir du 11 mai: est-ce réaliste?

L'annonce d'Emmanuel Macron d'un début du déconfinement le 11 mai suscite des interrogations et des craintes chez les enseignants.

Les crèches, écoles, collèges et lycées rouvriront "progressivement" à partir du 11 mai, a annoncé lundi Emmanuel Macron, suscitant l'inquiétude des syndicats enseignants, qui soulignent le "grand flou" des conditions de reprise.

"Trop d'enfants, notamment dans les quartiers populaires, dans nos campagnes, sont privés d'école sans avoir accès au numérique et ne peuvent être aidés de la même manière par les parents, c'est pourquoi nos enfants doivent pouvoir retrouver le chemin des classes", a expliqué le chef de l'Etat.

Il a fait valoir que "le gouvernement aura à aménager des règles particulières, organiser différemment le temps et l'espace, bien protéger nos enseignants et nos enfants avec le matériel nécessaire". En filigrane, donc, une réorganisation du temps et l’espace, comme des dédoublements de classe, des emplois du temps allégés. Le gouvernement devrait préciser son plan d’ici 15 jours. Des rendez-vous sont déjà prévus mardi après-midi entre le ministre, les syndicats et les fédérations de parents d’élèves.

Pour les étudiants de l'enseignement supérieur, "les cours ne reprendront pas physiquement, jusqu'à l'été", a ajouté le chef de l'Etat. Le gouvernement précisera ultérieurement "la bonne organisation qui sera nécessaire en particulier pour les examens et les concours".

"C'est une décision incroyable, irresponsable!"

Depuis le 16 mars, en raison de l'épidémie de coronavirus, quelque 12,5 millions d'élèves et 2,6 millions d'étudiants suivent les cours à distance en raison de la fermeture des écoles, collèges, lycées et universités. En conséquence, le gouvernement a décidé d'évaluer cette année le bac et le brevet en contrôle continu. Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a à de nombreuses reprises évoqué le risque de voir se creuser les inégalités en raison de la fermeture des écoles.

Les déclarations d'Emmanuel Macron suscitaient lundi soir l'inquiétude chez les enseignants. "C'est complètement irresponsable" a dénoncé Laurent, enseignant et auditeur de RMC. Il est en désaccord total avec la décision de reprendre progressivement l'école à partir du 11 mai, n'ayant aucune protection contre le virus dans les établissements:

"Dans quelle mesure va-t-on avoir des masques? Les a-t-il commandé? On sait très bien que ce sont les enfants qui transmettent le virus, on va être directement au contact... durant un mois seulement d'école? C'est irresponsable sachant en plus que les 3èmes et les Terminales vont passer le Brevet et le Bac en contrôle continu. C'est une décision incroyable" a-t-il dénoncé en direct dans l'émission "RMC Mobilisation Générale".

Quelques instants plus tard, toujours à l'antenne de RMC, Jean-René Girard, président du syndicat de l'Education Nationale et du Supérieur, ne s'est pas dit "surpris" par cette annonce, mais plutôt par les certitudes avancées par le chef de l'Etat":

"Dans l'Education nationale, depuis le mois de mars, on a eu quand même beaucoup d'annonces très certaines... qui ont été démenties parfois dans la même journée. Faire une annonce aussi précise à un mois de distance, c'est surprenant.(...) La question reste est que si on remet en marche le pays, l'école est le meilleure endroit (...) On ne sait pas très bien ce qui est prévu quand on parle de reprise progressive. C'est impossible de respecter la distanciation sociale à l'école. C'est infaisable. Est-ce qu'on organise le retour de l'école ou un accueil amélioré et élargi des enfants?" s'interroge-t-il.
Xavier Allain