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"Expliquez-nous": que commémore-t-on le 11-Novembre?

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Ce 11 novembre est l’anniversaire de l'armistice de 1918, mais aussi désormais le jour de commémoration de tous les morts pour la France. Les explications de Nicolas Poincaré.

C’est aujourd’hui le 101e anniversaire de l’armistice. Le 11 novembre 1918, la délégation allemande signe la reddition dans un wagon à Rethondes dans la forêt de Compiègne. Signature à 5h45, pour un cessez-le-feu à 11 heures. Et le dernier soldat français mort dans cette guerre l’a été à 10h55, le première classe Trébuchon. Dernier des 1.300.000 soldats morts pour la France en 4 ans, soit une moyenne de 1000 morts par jour.

Mais tout cela commence à dater. Le dernier poilu Français Lazare Ponticelli, -qui était en fait un immigré italien- est mort en mars 2008 à l'âge de 110 ans. Et pour la première fois cette année, il n’y aura aucun représentant du gouvernement lors de la cérémonie à Rethondes.

Un monument inauguré ce lundi dans le 15 arrondissement

Depuis 2012, le 11 novembre est devenue la date à laquelle on célèbre les morts de toutes les guerres. Y compris ceux qui sont morts très récemment.

Emmanuel Macron va inaugurer aujourd’hui dans le 15eme arrondissement de Paris, un monument en l’honneur des soldats morts lors des opérations extérieures. 25 sont morts au Sahel, le dernier Ronan Pointeau, il y a moins de 10 jours. 78 lors de la guerre dans l’ex-Yougoslavie, la plupart à Sarajevo. 85 en Afghanistan entre 2001 et 2013. 129 au Tchad en défendant le régime du dictateur Idriss Deby qui était attaqué par Khadafi. Et 141 au Liban, l'opération la plus meurtrière pour les Français, dont 58 paras, tué dans l’attentat du Drakkar le 23 octobre 1983. Une camionnette piégée avec 300 kilos d’explosifs avait fait sauter l’immeuble du contingent français à Beyrouth. Cette mission au Liban dans le cadre de l'ONU on en parle jamais mais elle se poursuit. 700 militaires français sont encore au Liban.

Mais les deux grandes opérations encore en cours, c’est l'opération Barkhane au Sahel et Chammal autour de la Syrie et de l’Irak. 4.500 soldats français sont au Sahara, et environ 1.000 au Moyen-Orient.

10 Hauts lieux de mémoire

Le monument qui va être inauguré ce lundi sera officiellement un Haut lieu de mémoire. Cela signifie que ce sera un des dix lieux qui comptent pour commémorer notre histoire récente. Les neuf précédents, sont 3 cimetières de la Première guerre mondiale, dans la Meuse ou le Pas-de-Calais. Quatre lieux liés la résistance et à la déportation dont le camp de concentration du Struthof en Alsace, avec la seule chambre à gaz construite en France.

Enfin, haut lieu de mémoire encore, le mémorial du débarquement en Provence dans le Var, le mémorial des guerres d'Indochine, dans le Var également, et le mémorial de la guerre d'Algérie à Paris.

La décision de construire ce nouveau monument national a été prise en 2011. Et la mission a été confiée au Général Thorette, un homme à poigne, grande gueule de l'armée française qui pensait pouvoir le réaliser en 18 mois.

Refus des habitants du 7e arrondissement de Paris

En fait il aura fallu huit ans, à cause de sordides petits conflits de voisinage. Les habitants du 7e arrondissement de Paris n’en voulaient pas. Finalement, la statue a été érigée dans un parc du 15 arrondissement: le Jardin Eugénie Djendi, du nom d’une jeune Française musulmane d’Algérie qui avait rallié la France Libre de de Gaulle comme opératrice radio. Elle faisait partie d’un régiment de femmes méconnu qu’on appelait les Merlinettes. 

Elle a été parachutée en France occupée, dans la région de Sully-sur-Loire le 7 avril 1944. Elle a été arrêtée dès le lendemain par la Gestapo, déportée à Ravensbrück et fusillée en compagnie de trois autres Françaises en janvier 1945.

Désormais, le jardin Eugénie Malinka Djendi accueillera donc une statue représentant 6 personnes les bras en l’air comme pour porter un cercueil. Et juste derrière, des plaques avec les noms de 549 soldats morts en opérations extérieures. Et de la place pour accueillir malheureusement d’autres noms à l’avenir.

Nicolas Poincaré