Fête des Conscrits, à Villefranche-sur-Saône: un collectif porte plainte pour discrimination sexiste

Les Conscrits défilent ce dimanche 26 janvier à Villefranche-sur-Saône (Rhône), la capitale du Beaujolais. Une tradition ancrée depuis le XIXe siècle mais qui semble aujourd'hui dépassée. C'est en tout cas ce que dénonce le collectif Nouvelle Vague, un collectif féministe, qui a porté plainte lundi pour "discrimination sexiste".
Historiquement, la fête des Conscrits vise à rendre hommage aux jeunes hommes de 20 ans appelés au service militaire. Elle se déroule le dernier week-end de janvier, avec notamment "la vague des conscrits", un défilé en fanfare de ces hommes, applaudis par les femmes. Uniquement les hommes peuvent également participer au banquet. Depuis, chaque classe d'âge est conviée. Pour cette année, ce sont les hommes de 25 ans, 35 ans, 45 ans, etc, les conscrits. L'année prochaine, ce sera donc la "classe des 6".
"Ces hommes qui défilent avec les femmes sur le trottoir, il y a quelque chose qui ne va plus", dénonce Mylène
Lors de sa première fête des conscrits en 1992, Mylène en garde un très bon souvenir: "J'avais 20 ans, les garçons venaient m'amener un bouquet, j'ai trouvé ça plutôt sympa", se rappelle-t-elle au micro de RMC. Mais depuis la suppression du service militaire, en 1997, décidé par le président Jacques Chirac, le regard de Mylène a changé. "Petit à petit, je me suis dit, ce n'est pas possible tous ces hommes qui défilent avec les femmes sur le trottoir, il y a quelque chose qui ne va plus."
"La tradition de l'époque invisibilisait déjà le rôle des femmes pendant la guerre"
Avec d'autres femmes, elle contacte donc les organisateurs pour tenter de moderniser cette fête mais faute de réponse, elles créént alors le collectif Nouvelle vague et déposent plainte pour discrimination sexiste. "Déjà, la tradition de l'époque était sexiste car elle invisibilisait le rôle des femmes pendant la guerre. Aujourd'hui, elle est d'autant plus sexiste que les femmes font leur journée d'appel (JDC) au même titre que les hommes", réagit leur avocate, Me Violaine de Filippis-Abate. Elle réclame donc la possibilité de défiler et de participer au banquet.
Des moments mixtes et d'autres pas, se défend l'organisateur
Une demande difficilement compréhensible pour l'organisateur, Guillaume Ducray: "Je peux vous assurer qu'elles sont pleinement intégrées, elles ont un programme de festivités, tout autant que les garçons. Il y a des moments mixtes et d'autres qui ne le sont pas, mais pas forcément pou une raison discriminante", assure-t-il auprès de RMC. Il ne s'interdit pas, d'ailleurs, de déposer plainte pour diffamation publique.