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Fin de vie: le dernier mot doit-il revenir au conjoint?

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Vincent Lambert est mort jeudi matin, 9 jours après l’arrêt des soins, et après plus de 10 ans de combat judiciaire entre les membres de sa famille.

Dans un cas comme celui de Vincent Lambert, est-ce au conjoint d’avoir le dernier mot ? En Belgique par exemple, la situation n’aurait pas pu se produire. Dans la loi belge, si vous n’avez pas laissé de directives anticipées et si vous n’êtes plus en mesure de vous exprimer, c’est votre conjoint qui décide de votre fin de vie.

S’il ne veut pas ou qu’il n’y a pas de conjoint, alors ce sont vos enfants, s’ils sont majeurs. S’ils ne le sont pas ou si vous n’en avez pas, ce sont vos parents et ainsi de suite jusqu’à vos frères et sœurs.

Copier le modèle belge en France ?

Plusieurs élus se sont déclarés favorables à copier ce modèle belge, comme le député européen Raphaël Glucksmann ou encore le conseiller de Paris et président de l’association pour le droit à mourir dans la dignité, Jean-Luc Romero. Pour lui, c’est au conjoint de choisir. 

"Ca me paraît logique, avec votre époux, votre épouse, vous construisez une vie ensemble. Si vous étiez en désaccord avec votre époux vous feriez forcément des directives anticipées."

Pour que cela soit possible en France, il faudrait changer la loi. Mais le conseil d’Etat et le comité national d’éthique se sont déjà prononcés l’an dernier contre toute modification de la loi Claeys Leonetti sur la fin de vie.

"Il faut la famille ET le conjoint"

En France, on ne fait pas de hiérarchie dans les familles. Et c’est bien normal selon Vincent qui n’a pas du tout envie que sa femme prenne la décision toute seule.

"Pour moi la famille, c'est plus important, la conjointe peut avoir une réaction à chaud et avec la famille ça peut tempérer les choses. Il faut la famille et le conjoint."

A ce jour en France, seuls 13% des plus de 50 ans ont rédigé leurs directives anticipées. Et plus de 6 Français sur 10 n’ont jamais abordé la question de leur fin de vie en famille ou avec leur médecin.

"Le problème c’est qu'aujourd'hui ces directives ne sont pas contraignantes"

Jean-Luc Romero, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), conseiller régional d’Ile-de-France et invité de la matinale de Jean-Jacques Bourdin ce vendredi 12 juillet, ne souhaite pas pour autant, rendre obligatoire la rédaction de ces directives anticipées obligatoires.

"Ça reste votre liberté, on ne rend pas obligatoire un testament. Mais il faut inciter les gens. Ecrire des directives anticipées ne fait pas mourir donc il faut rassurer les gens. Ça permet aussi d’aborder avec vos proches la question de la fin de vie parce que quand vous avez abordé ce sujet là, vous pouvez parler de tout".

Pour lui, il faut faire évoluer la loi et que comme en Belgique, la décision revienne au conjoint: "C’est avec cette personne que vous avez construit votre vie. Mais vous pouvez aussi écrire dans vos directives anticipées que vous souhaitez que ce soit quelqu'un d’autre. Je vois beaucoup de couples dans lesquels les deux n’ont pas le même avis sur la question pour des raisons religieuses ou éthiques (…) le problème c’est qu'aujourd'hui ces directives ne sont pas contraignantes".

Matthieu Rouault (avec James Abbott)