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Hygiène, horaires, savoir-vivre: qu’est-ce que la tendance “je m’en fous” sur TikTok?

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Depuis quelques semaines, une tendance sur TikTok fait le buzz: des jeunes adultes, souvent de la génération Z, affichent leur indifférence aux injonctions sociales avec des vidéos où ils énumèrent ce dont ils “se foutent”. Une manière de revendiquer une liberté face aux pressions sociétales, mais aussi de pointer du doigt des normes jugées obsolètes.

Depuis quelques semaines, une tendance émerge sur TikTok: le “je-m’en-foutisme”. Des jeunes, principalement âgés de 18 à 30 ans, partagent face caméra des aspects de leur vie quotidienne auxquels ils se disent indifférents: “je m’en fous d’être en retard”, “je m’en fous de manger équilibré”, “je m’en fous de travailler après 18h”. Ce phénomène va au-delà de simples déclarations: il reflète une remise en question des normes sociales et des pressions générationnelles.

Une libération face aux injonctions sociales

La tendance “je m’en fous de” se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Derrière ce mantra, une génération qui se déleste des pressions sociales, des diktats de beauté et des normes trop pesantes.

Des phrases comme “je m’en fous de plaire à la mère de mon mec”, “je m’en fous d’avoir l’air bizarre quand je mange seule au resto”, ou “je m’en fous d’annuler un plan au dernier moment si je n’ai pas envie d’y aller”, sont devenues virales. Ces vidéos, souvent accompagnées de musique et d'un ton détendu, peuvent être perçu comme un cri du cœur collectif contre la pression sociale, sous une forme ultra-virale.

Un miroir d’une époque anxiogène

Cette tendance n’est pas qu’un simple jeu de mots. Elle reflète une époque marquée par l’incertitude: crises économiques, écologiques, sociales et sanitaires. Les jeunes adultes, qui ont grandi avec les réseaux sociaux, sont confrontés à des attentes élevées en matière de réussite professionnelle, de vie personnelle et d’apparence. Cette pression constante peut mener à des troubles de santé mentale, tels que l'anxiété et la dépression.

“Moi aussi, je m’en fous si ça n’implique personne. J'ai le ‘je men foutisme’ sélectif quand même, il ne faut pas que ça impact les autres et la façon dont on me perçoit. Mais je comprends la tendance, c'est une génération désabusée, qui a vécu le confinement, l’inflation, la guerre en Ukraine, les dérèglements climatiques… Tout ça a eu un impact mental sur les jeunes. Ils sont désabusés”, dit Emmanuel Dancourt, journaliste, dans Estelle Midi ce lundi, où le débat s’est invité.

Hygiène, horaire, savoir-vivre : est-ce qu'il faut s'en foutre ? - 13/10
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Une forme de résistance ou de résignation?

Ne plus se maquiller, ne plus mettre de soutien-gorge, ne plus s’épiler… Certains analystes voient dans cette tendance une forme de résistance face à des normes jugées oppressantes. D'autres y perçoivent une résignation, une manière de se dédouaner de responsabilités ou d'efforts personnels. Quoi qu'il en soit, cette tendance soulève des questions sur l'évolution des valeurs et des priorités des jeunes générations.

Pour Fred Hermel, chroniqueur dans Estelle Midi également, cette génération “se cherche”. “Je pense que cette génération qui dit s’en foutre, ne s’en fout pas en réalité. Elle veut tellement se différencier des autres qu’elle ne pense qu'à ça. C’est une génération esclave de sa volonté de rupture, donc elle s’en fout pas du tout”.

La tendance “je m’en fous” sur TikTok illustre ainsi une génération en quête de sens et d'authenticité. Elle reflète un désir de se libérer des contraintes imposées par la société et de redéfinir les priorités personnelles. Cependant, il est essentiel de trouver un équilibre entre liberté individuelle et responsabilité collective, afin de ne pas sombrer dans l'indifférence totale.

C.A