"Il y a de la colère": pourquoi les pêcheurs lancent une opération "ports morts"

Opération "ports morts" ces jeudi et vendredi. Tous les ports français et les établissements qui y sont reliés sont appelés à s’arrêter pendant deux jours. Pas de bateaux en mer ni de poisson vendu. C'est le Comité national des pêches qui lance cet appel. Une première réponse à ce qu’il désigne comme une série "d'attaques" contre le secteur.
La dernière en date, la décision du Conseil d’État de fermer des zones de pêche dans le golfe de Gascogne pour protéger les dauphins dont les échouages se sont multipliés ces derniers mois.
Le secrétaire d’Etat à la mer, Hervé Berville, est attendu ce jeudi matin aux Sables d’Olonne (Vendée), où les marins s’inquiètent. Pour eux, la décision du Conseil d'État menace leur survie. Vincent, pêcheur depuis 2017, pose ses yeux fatigués sur le port. “Si on ne nous écoute pas, tout ça pourrait disparaître”, estime-t-il. Si la pêche est interdite quatre mois dont trois en hiver, cela pourrait avoir de grosses conséquences.
“C’est là qu’on fait la moitié du chiffre d'affaires de l’année donc ce serait la faillite pour tout le monde. Il y a les frais de gazole, le matériel à acheter. Moi, si demain je peux plus aller à la mer, ce n’est pas l’Etat qui va payer mon prêt”, détaille-t-il.
L'accès au pont de l'île de Ré rendu gratuit
Le long du pont, au fil des poignées de mains calleuses, Vincent raconte le nombre croissant de dauphins, les prises accidentelles, répète-t-il. Le matériel à ultrasons acheté pour les éloigner. “On ne les cible pas puisque même nous, ça nous embête. Ça casse le matériel”, indique-t-il.
Même regard vide entre les traits tirés de Jimmy depuis son chalutier. “Arrêter un métier pour quelques accidents qui n’arrivent pas si souvent… Il y a de la colère. Il y a déjà des difficultés au niveau de la loi avec chaque année des quotas qui diminuent. Plus ça… Oui, c’est la France”, regrette-t-il.
Les pêcheurs tractent, sensibilisent. Un mannequin dans un ciré jaune a été pendu au-dessus du trottoir ou passe Christian. “Quand on voit ça quand même, c’est dramatique. Si on n’a plus de poisson, on va manger du poisson congelé qui vient de je ne sais où. C’est quand même malheureux. Les Sables d’Olonne, ce n’est pas que le Vendée Globe”, rappelle-t-il.
Des pêcheurs qui sont aussi mobilisés sur le pont de l’île de Ré. “On laisse passer les gens gratuitement au niveau du péage du pont de l’île de Ré. Nous, on n'est pas là pour empêcher les gens de travailler, on est tous dans la même galère. Donc nous, ce n'est pas escargot, c’est le pont le plus vite possible”, indique sur RMC, Romuald Coutanceau, vice-président du Comité des pêches de Charente-Maritime. Un emploi en mer, c’est jusqu’à sept sur terre, soutient ce responsable de criée.