"Inacceptable": un festival de métal néonazi organisé dans l’est de la France inquiète

Un festival à la gloire des nazis. Sur une affiche en noir et blanc, seule la mention "Est de la France" inscrite en lettres gothiques informe les passants du lieu sur lequel sera organisé le festival de black metal "Night for the blood" ("Nuit pour le sang").
Aucune autre information n’existe pour l’instant sur l’événement. D’après Médiapart, qui a découvert l’affiche, le lieu sera révélé seulement quelques heures avant le début du festival et le paiement de 20e pour y participer se déroule en ligne. Il se tiendrait dans un rayon de 20 km autour de Epinal.
L’événement, qui se tiendrait ce samedi, inquiète les élus de la région qui craignent d’accueillir des festivaliers néonazis. Dans le détail, le mail indiqué en bas de l’affiche envoie une réponse automatique avec quelques précisions, notamment celle que le concert "se tiendra dans le nord-est de la France, à environ une heure de Strasbourg". La ville la plus proche étant Saint-Dié-des-Vosges.
Bruno Toussaint, le maire de cette commune, a annoncé avoir renforcé ses effectifs de police et organiser des rondes "pour assurer un minimum de sécurité".
Au total, 4 groupes se produiront durant le festival, dont 2 français. Tous seraient néonazis. L’un d’entre eux porte d’ailleurs le nom de l’unité SS chargée de la protection d’Adolf Hitler.
Le festival interdit par le ministère de l'Intérieur
L’organisation d’un tel événement est pris avec sérieux. Ce mercredi 22 février, Gérald Darmanin a d’ailleurs demandé à six préfets potentiellement concernés (Vosges, Haut-Rhin, Bas-Rhin, Haute-Saône, Moselle et Meurthe-et-Moselle) d’interdire ce rassemblement.
"Comment peut-on avoir encore aujourd’hui de tels rassemblements ? Ca nous révolte, surtout dans des secteurs comme les nôtres où la Seconde Guerre mondiale a laissé des traces", s’est insurgé Patrick Nardin, le maire d’Epinal.
De son côté, le député Renaissance des Vosges, David Valence, nous explique qu’il était "inacceptable" d’organiser un tel événement, d’autant plus "sur des territoires qui ont autant été stigmatisés par les nazis, autant violentés comme l’ont été les Vosges".
Face aux restrictions en vigueur en Allemagne contre la mouvance néonazie, il n’est pas rare que des nostalgiques du IIIe Reich choisissent l’est de la France pour se rassembler sur des terrains privés ou bien dans des salles communales sous de faux prétextes.
Toutefois, "si cette soirée a bien lieu, il s’agirait du premier événement majeur de ce genre en France depuis quelques années", alerte Donatien Huet, journaliste de Mediapart. Précédemment, un "Call of Terror" a eu lieu en février 2019 près de Lyon. L’année précédente, le dernier "Night of Honour" s’est tenu en février 2018 en Picardie.
En ce qui concerne l’Est de la France, des skinheads s’étaient déjà réunis en 2019 pour célébrer l’anniversaire d’Hitler. Fin mai 2022, une perquisition dans le cadre d’un trafic d’armes dans la mouvance néonazie a eu lieu dans la commune de Villé (Bas-Rhin).