Islam de France: ce que contient la charte du CFCM

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Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a formellement approuvé dimanche une "charte des principes" de l'islam de France. Une charte pour "l'Histoire" dont le préambule affirme "que ni nos convictions religieuses ni toute autre raison ne sauraient supplanter les principes qui fondent le droit et la Constitution de la République".
La charte consacre la "liberté de conscience" et "le principe de laïcité qui permet à chaque citoyen de croire ou de ne pas croire, de pratiquer le culte de son choix et de changer de religion". Ses signataires s'engagent ainsi "à ne pas criminaliser un renoncement à l'islam, ni à le qualifier d'apostasie", une disposition au coeur de récentes dissensions au sein du CFCM.
S'appuyant sur des extraits du Coran, la charte s'élève contre "le prosélytisme abusif" qui "est contraire à la liberté de la raison et du coeur qui caractérise la dignité de l'Homme".
Dans une allusion à Samuel Paty, professeur assassiné en octobre, la charte souligne "le rôle essentiel de l'enseignant dans notre société" et appelle à régler des "conflits ou des désaccords" par "le dialogue" et, "en dernier recours", devant les tribunaux.
Egalité des sexes et antiracisme
"L'égalité Femme-Homme est un principe fondamental également attesté par le texte coranique", assure la charte. "Nous nous attachons donc à faire respecter ce principe d'égalité conformément aux lois de la République en rappelant aux fidèles (...) que certaines pratiques culturelles prétendument musulmanes ne relèvent pas de l'islam", poursuit le texte sans donner plus de précisions.
Les signataires affirment donc le rejet de "toute discrimination fondée sur la religion, le sexe, l'orientation sexuelle, l'appartenance ethnique, l'état de santé ou le handicap". Selon eux, "toutes les formes de racisme (...) sont l'expression d'une déchéance de l'esprit et du coeur".
Une dénonciation de l'islam politique
Conformément au souhait de l'exécutif, la charte se donne clairement comme objectif de "lutter contre toute forme d'instrumentalisation de l'islam à des fins politiques".
"Nous luttons avec détermination contre tout mouvement ou idéologie dont le projet détourne notre religion de son véritable objet et tente de créer des rapports de force et des fractures dans notre société", écrivent ses rédacteurs. "Nous refusons que les lieux de culte servent à diffuser des discours politiques ou importent des conflits qui ont lieu dans d'autres parties du monde", est-il également indiqué.
Les lieux de culte ne doivent ainsi pas être utilisés pour "la diffusion de discours nationalistes défendant des régimes étrangers et soutenant des politiques étrangères hostiles à la France, notre pays".
Les signataires s'engagent par ailleurs à utiliser davantage des "financements nationaux" pour leurs lieux de culte et à "rejeter clairement toute ingérence de l'étranger dans la gestion de leurs mosquées et la mission de leurs imams".
Pas de "racisme d'Etat"
Evoquant les actes antimusulmans, la charte assure qu'ils sont "l'oeuvre d'une minorité extrémiste qui ne saurait être confondue ni avec l'Etat ni avec le peuple français".
Portées notamment par certaines ONG indigénistes, "les dénonciations d'un prétendu racisme d'Etat, comme toutes les postures victimaires, relèvent de la diffamation" et "exacerbent à la fois la haine antimusulmane et la haine de la France", estime la charte qui s'engage également contre l'extrémisme.
"Nous appelons à ne pas diffuser de livres, fascicules, sites internet, blogs, vidéos, qui propagent des idées de violence, de haine, de terrorisme ou de racisme", indiquent les signataires.
Cette charte avait été demandée aux dirigeants du CFCM mi-novembre par le président de la République dans la foulée de son offensive contre le "séparatisme" et l'islam radical. La pression sur les instances musulmanes s'était renforcée avec l'attentat contre Samuel Paty mi-octobre et dans la basilique de Nice quinze jours plus tard.